Toute Partie s'engage à se considérer comme liée par vingt au moins des paragraphes de la partie I de la Charte dont au moins dix sont choisis parmi les paragraphes suivants:
– article 2,
– article 3, paragraphes 1 et 2,
– article 4, paragraphes 1, 2 et 4,
– article 5,
– article 7, paragraphe 1,
– article 8, paragraphe 2,
– article 9, paragraphes 1, 2 et 3,
– article 10, paragraphe 1,
– article 11.
127. Comme indiqué précédemment, le Monténégro a adhéré au Conseil de l’Europe le 11 mai 2007. Le pays a signé la Charte européenne de l'autonomie locale (STE n° 122, ci-après « la Charte ») le 24 juin 2005 et l’a ratifiée le 12 septembre 2008. La Charte est entrée en vigueur pour le Monténégro le 1er janvier 2009. L’engagement de respecter la Charte a été restreint à l’article 2, l’article 3, paragraphes 1 et 2, l’article 4, paragraphes 1, 2, 4 et 6, l’article 5, l’article 6, paragraphe 1, l’article 7, paragraphes 1 et 3, l’article 8, paragraphe 1, l’article 9, paragraphes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8, l’article 10, paragraphes 1, 2 et 3 et l’article 11. Par conséquent, le Monténégro n’est pas lié par l’article 4, paragraphes 3 et 5, l’article 6, paragraphe 2, l’article 7, paragraphe 2 ni l’article 8, paragraphes 2 et 3.
128. En ce qui concerne ses obligations internationales ainsi que sa législation interne, le Monténégro est un pays très jeune. Les institutions demeurent confrontées à une situation où les pratiques ne sont pas encore vraiment établies en matière de mise en œuvre du cadre juridique, ce qui pourrait, par exemple, avoir une incidence sur le besoin de contrôle. A mesure de la consolidation de ce cadre, les dispositions de la Charte pourraient être considérées sous un jour différent. Au cours de sa visite, la délégation a eu le sentiment que le pays était fermement résolu à se conformer aux normes de la Charte sans toutefois limiter les dispositions auxquelles le Monténégro est officiellement lié.
129. La délégation du Congrès a été informée que la ratification des paragraphes non ratifiés de la Charte est considérée comme une option réaliste. Apparemment, les actes juridiques respectifs seront examinés dans le cadre de la réforme législative en cours d’examen (2015). La délégation est également portée à croire que le Monténégro sera à même de respecter les exigences des dispositions auxquelles il n’est pas lié à ce jour. Même si certaines règles ne sont pas expressément énoncées dans la loi, les institutions de l’Etat semblent généralement les accepter dans la pratique.
4. Conclusions et prochaines étapes de la procédure de suivi
130. Depuis la précédente visite de suivi, en 2010, le Monténégro a continué de témoigner de sa ferme volonté – qui a joué un rôle moteur dans plusieurs processus de réforme – de respecter la Charte et les autres normes internationales. Le cadre législatif relatif à l’autonomie locale est en constante mutation, eu égard en particulier à la réforme actuelle de l’administration publique (AURUM), ce qui permet d’espérer une évolution positive de la législation pour la situation de la démocratie locale au Monténégro. Les rapporteurs soulignent tout d’abord que les bases constitutionnelles et légales de l’autonomie locale, ainsi que son principe même, sont dûment en place au Monténégro (articles 2 et 3). De plus, la situation concernant les articles 5, 7, 8 et 11 est globalement conforme à la Charte. Nonobstant ces observations positives, certaines questions méritent un examen plus attentif.
131. Concernant l’article 4, on peut conclure, bien que les collectivités locales soient le plus souvent consultées sur les questions qui les concernent directement, que ce processus reste à améliorer dans la pratique. En particulier, les autorités doivent veiller au respect de l’article 4, paragraphe 2, qui donne aux collectivités locales toute latitude pour exercer leur initiative pour toute question qui n’est pas exclue de leur compétence ou attribuée à une autre autorité. De même, une plus grande attention doit être accordée à l’article 4, paragraphe 6, selon lequel les collectivités locales doivent être consultées, autant qu’il est possible, en temps utile et de façon appropriée, au cours des processus de planification et de décision pour toutes les questions qui les concernent directement. Ceci fait principalement référence à l'application de ce principe dans la pratique, dès lors qu’un cadre et des mécanismes juridiques sont établis.
132. Concernant l’adéquation des structures et des moyens administratifs aux missions des collectivités locales (article 6), les rapporteurs soulignent que les ressources humaines restent insuffisantes, ce qui les amène à conclure que cet article n’est qu’en partie respecté. Ils considèrent comme une évolution positive les dispositions du projet de loi sur les modifications et amendements de la loi sur l’autonomie locale relatives à l’élaboration de nouvelles solutions visant à introduire un système de gratifications et de récompenses pour les agents prêts à proposer des services de qualité aux citoyens. Cependant, les rapporteurs s’inquiètent des graves difficultés auxquelles sont confrontées les capacités et la gestion opérationnelles des collectivités locales. Ils considèrent à ce sujet que le développement et la rationalisation des capacités administratives locales doivent être l’une des priorités du Gouvernement pour la période à venir.
133. Par ailleurs, la situation au Monténégro n’est qu’en partie conforme aux exigences contenues dans l’article 9 de la Charte. Une attention particulière doit être accordée aux paragraphes 1, 2, 3 et 6 de l’article 9. Lors de la visite, les rapporteurs ont pu prendre conscience de différences fondamentales en termes de capacité financière, administrative et économique. En effet, bon nombre de communes monténégrines ne disposent pas de ressources propres suffisantes et manquent d’un financement proportionné pour mettre en œuvre les activités supplémentaires qui leur sont assignées (article 9, paragraphes 1 et 2). Concernant l’article 9, paragraphe 3, les rapporteurs estiment globalement qu’une majorité des communes connaissent une situation financière difficile qui se caractérise par un haut niveau d’endettement et d’engagements non soldés, entraînant de nombreux problèmes quant à leur fonctionnement et au respect de leurs obligations légales. Dans l’ensemble, les critères utilisés pour la répartition des dotations au titre du Fonds de péréquation peuvent être jugés satisfaisants, et le Fonds est véritablement un outil indispensable pour de nombreuses communes, en particulier dans la partie nord du pays, plus faible économiquement (article 9, paragraphe 5). Néanmoins, de nouvelles solutions législatives devraient permettre d’augmenter les dotations du Fonds de péréquation, soit en introduisant une nouvelle forme de revenu dans sa structure, soit en augmentant le pourcentage des revenus existants affecté au Fonds. Enfin, il est nécessaire d’améliorer le processus de consultation relatif à l’attribution des ressources redistribuées au Monténégro (article 9, paragraphe 6).
134. D’une manière générale, les rapporteurs peuvent conclure que les conditions du droit d’association des collectivités locales, telles que spécifiées à l’article 10 de la Charte, sont réunies au Monténégro. Néanmoins, ils invitent le Gouvernement et le Parlement du Monténégro à réexaminer les règles décrivant le rôle du pouvoir central dans la création des formes institutionnalisées de coopération entre les communes. En particulier, les conditions qui doivent être réunies pour que les communes reçoivent l’autorisation nécessaire devraient être clairement énoncées dans la loi et conformément à l’article 10, paragraphe 1, de la Charte. Dans ce sens, le fait qu’il soit envisagé de supprimer totalement la condition de l’accord gouvernemental semble être un progrès. Les rapporteurs prévoient de suivre attentivement l’évolution de la loi sur l’autonomie locale et son impact sur cette question.
135. Pour ce qui est des dispositions non ratifiées, à savoir l’article 4, paragraphes 3 et 5, l’article 6, paragraphe 2, l’article 7, paragraphe 2, et l’article 8, paragraphes 2 et 3, la délégation du Congrès a été informée que la ratification de ces paragraphes est une option réaliste, car elles seront examinées dans le cadre de la réforme législative menée actuellement. La délégation a par ailleurs des raisons de croire que le Monténégro sera capable de respecter ces dispositions, par lesquelles il n’est pas lié à l’heure actuelle. Même si ces exigences ne sont pas expressément contenues dans la loi, les institutions de l’Etat semblent d’une manière générale les accepter dans la pratique.