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Conformité Conformité partielle Non conformité A déterminer

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Article 2
Fondement constitutionnel et légal de l'autonomie locale - Article ratifié

Le principe de l'autonomie locale doit être reconnu dans la législation interne et, autant que possible, dans la Constitution.


Comme indiqué précédemment dans plusieurs parties du présent rapport, le principe de l’autonomie locale est reconnu à la fois dans la Constitution de la Fédération de Russie et dans la législation ordinaire, plus précisément dans la loi fédérale N 131-FZ du 6 octobre 2003 « sur les principes généraux d’organisation de l’autonomie locale en Fédération de Russie » (telle qu’amendée, entrée en vigueur le 01.05.2018). Aux termes de l’article 1 de cette loi :

 

« Article 1. L’autonomie locale

 

1. L’autonomie locale est l’un des fondements de l’ordre constitutionnel de la Fédération de Russie, reconnu, garanti et mis en œuvre sur tout le territoire de la Fédération de Russie.

 

2. L’autonomie locale en Fédération de Russie est l’une des formes de l’exercice du pouvoir par le peuple. Elle garantit, dans les limites définies par la Constitution de la Fédération de Russie, les lois fédérales et, dans les cas prévus par celles-ci, les lois des sujets de la Fédération de Russie, la gestion autonome des affaires publiques locales, sous leur propre responsabilité et au profit de leurs populations, directement et/ou par le biais d’autorités locales, en prenant dûment en considération les traditions historiques ou autres locale. »

 

L’existence de lois incompatibles avec cette loi fédérale et avec la Constitution demeure un grave sujet de préoccupation concernant le droit interne. Cependant, en dépit de problèmes liés à divers textes législatifs, il est manifeste que le principe de l’autonomie locale est reconnu à la fois au niveau de la Constitution et de la législation.

 

Les rapporteurs considèrent que, sur le principe, la situation en Fédération de Russie est conforme à l’article 2 de la Charte. 

Article 3.1
Concept de l'autonomie locale - Article ratifié

Par autonomie locale, on entend le droit et la capacité effective pour les collectivités locales de régler et de gérer, dans le cadre de la loi, sous leur propre responsabilité et au profit de leurs populations, une part importante des affaires publiques.


La réforme de l’autonomie locale a débuté en 2003, lorsque des collectivités autonomes ont été rétablies dans les communes rurales et les villes où elles avaient virtuellement disparu pendant la période dite de « réforme constitutionnelle en plusieurs étapes » de 1993-1994. Au début des années 2000, plus de la moitié des villes et la plupart des zones rurales de Russie ne comptaient plus d’organes d’autonomie locale. Les chefs des administrations locales étaient nommés par les gouverneurs ; les exécutifs locaux n’étaient plus responsables devant les conseils locaux ni les citoyens.

 

Des menaces pour l’autonomie locale ont aussi vu le jour après les réformes de 2003. Les rapporteurs notent que les normes introduites par la loi n° 136-FZ permettent aux Entités de la Fédération de retirer aux communes la quasi-totalité de leurs compétences (principalement dans le domaine de l’aménagement du territoire et du développement, de l’occupation des sols et des services collectifs) ; les communes ont perdu plusieurs compétences et responsabilités qui leur étaient traditionnellement attribuées, comme la protection sociale et maintenant la santé (depuis 2011).

 

Les rapporteurs ont reçu des informations selon lesquelles plusieurs tâches ont été retirées aux collectivités locales. D’un autre côté, lors de la visite de suivi des interlocuteurs représentant les autorités fédérales et les autorités de républiques autonomes ont mentionné plusieurs cas de décentralisation ou de délégation de tâches. Il est évident également qu’en raison de la superficie du pays et de sa densité démographie très hétérogène, il existe différents types de collectivités locales, dotées de tâches correspondantes. Par conséquent, les rapporteurs ne sont pas convaincus que les autorités russes restreignent de manière systématique le champ des compétences assignées aux collectivités locales. Cela étant, ils sont convaincus qu’il existe de nombreuses possibilités pour accroître la part des collectivités locales dans la réglementation et la gestion des affaires publiques.

 

La situation de Moscou, où les communes sont dépourvues de fonctions de base et de ressources, va assurément à l’encontre des dispositions de la Charte. Le fait que la ville de Moscou soit un sujet fédéral ne signifie pas qu’un niveau de gouvernance suffit pour un territoire de 12 millions d’habitants. Des villes ayant le statut d’entités fédérales se rencontrent aussi dans d’autres États fédéraux, comme l’Allemagne (Brême, Hambourg et Berlin), mais dans ce cas ils incluent un niveau de gouvernance inférieur doté de collectivités locales fortes, ce qui n’est pas le cas de Moscou ni (quoique dans une mesure légèrement moindre) de Saint-Pétersbourg. 

 

Lors de la procédure de consultation, les représentants de la ville de Moscou ont souligné que « le rôle des conseillers municipaux s’était fortement développé et que l’éventail des tâches et compétences s’était élargi. Les conseillers sont associés directement à la mise en œuvre des travaux sur l’amélioration des territoires des districts et sur la rénovation du parc de logements de Moscou ».

 

Les rapporteurs considèrent cependant, sur la base des informations qu’ils ont reçues pendant leurs visites, que la situation en Fédération de Russie est partiellement conforme à l’article 3, paragraphe 1, de la Charte. En particulier, les rapporteurs estiment que les situations de Moscou et Saint-Pétersbourg posent particulièrement problème de ce point de vue. Dans la pratique, la répartition des affaires publiques devrait être globalement améliorée.

Article 3.2
Concept de l'autonomie locale - Article ratifié

Ce droit est exercé par des conseils ou assemblées composés de membres élus au suffrage libre, secret, égalitaire, direct et universel et pouvant disposer d'organes exécutifs responsables devant eux. Cette disposition ne porte pas préjudice au recours aux assemblées de citoyens, au référendum ou à toute autre forme de participation directe des citoyens là ou elle est permise par la loi.


Lors de la procédure de consultation, les représentants de la République du Tatarstan ont indiqué aux rapporteurs que la majorité des chefs de commune sont élus parmi les conseillers municipaux (en Russie – 8 896 chefs, 41,0 %) ou élus au suffrage universel, égalitaire et direct (en Russie – 6 718 chefs, 30,9 %). En République du Tatarstan, par exemple, la totalité des 43 chefs de district municipal et les deux maires de grandes villes sont élus parmi les membres de leurs conseils municipaux respectifs. Les rapporteurs notent que la loi n° 8-FZ du 3 février 2015 a établi un nouveau modèle pour l’« élection des chefs de commune » : la fonction de maire peut maintenant être attribuée à une personne sélectionnée par une commission établie initialement pour pourvoir un autre poste, celui de chef de l’administration locale. Par conséquent, la plus haute autorité de la commune ne fait pas l’objet d’une procédure d’élection par la population ni par le conseil municipal. De plus, la part des membres de la commission de sélection désignés par le gouverneur a été portée à 50 % et le gouverneur a en outre le droit de présenter des candidatures pour la fonction de maire. Ce qui revient à dire que les chefs des communes sont en réalité désignés à l’initiative et sur instruction des gouverneurs.

 

Les rapporteurs concluent que l’article 3, paragraphe 2, de la Charte n’est pas respecté.

 

Sur la base de leurs échanges de vues avec divers interlocuteurs, les rapporteurs ont appris que les élections directes étaient devenues davantage l’exception que la règle : il est ordonné aux collectivités locales de renoncer à des élections directes (les chefs des communes sont alors élus parmi les conseillers ou – le plus souvent – désignés sur la base d’un processus de sélection). Seulement quatre entités fédérales prévoient la possibilité de déterminer de manière indépendante la structure et l’organisation des autorités locales. Sur 80 capitales régionales, huit seulement élisent encore leur maire au suffrage direct (tandis que près de la moitié des maires sont désignés selon un processus de sélection). De plus, les régions suppriment souvent l’élection directe des organes représentatifs locaux au niveau des raïons municipaux et des districts urbains, qui comptent des formations intercommunales (c’est le cas de trois districts urbains), pour les remplacer par un processus de délégation.

 

Récemment, en mars 2019, la Douma d’État a planifié l’examen du projet de loi fédérale n° 631751-7 « portant amendements de la loi fédérale « sur les principes généraux de l’organisation de l’autonomie locale en Fédération de Russie » (en particulier dans la Partie relative aux Aspects liés à l’organisation territoriale de l’autonomie locale) ». D’après les critiques formulées par le parti Iabloko, « l’élection des maires, dans les communes, et des présidents de district est annulée presque partout. Le projet de loi autorise les régions de Russie (et, virtuellement, les gouverneurs) à dissoudre les autorités locales des villes et des localités rurales en donnant aux districts municipaux le statut d’un territoire municipal, lequel ne permet pas aux villes et localités rurales concernées de conserver chacune leur autorité locale ». Ces dispositions du projet de loi seraient « en contradiction directe avec la Constitution de la Fédération de Russie, selon laquelle l’autonomie locale est garantie en Russie et s’exerce dans les localités urbaines et rurales et d’autres territoires au moyen d’organes électifs d’autonomie locale »[18].

 

D’après les informations récentes fournies par la délégation nationale russe aux rapporteurs après la deuxième visite de suivi, les amendements législatifs relatifs à l’élection des maires au suffrage direct en Fédération de Russie seront adoptés prochainement. Les citoyens peuvent actuellement choisir de quelle manière le maire devrait être élu. Comme l’ont expliqué les membres de la délégation nationale, aux termes de la loi il existe quatre définitions différentes d’un maire :

 

  1.  Un maire élu parmi les membres de l’organe représentatif / conseil municipal. À l’échelle de la Fédération de Russie, 20 % des maires en moyenne sont dans ce cas.
     
  2.  Un maire élu au suffrage direct. Dans ce cas, il peut être à la tête du pouvoir législatif ou exécutif.
     
  3.  Un maire peut être à la fois à la tête du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Ce cas se présente principalement dans les petites circonscriptions rurales (faiblement peuplées).
     
  4.  La dernière option – actuellement mise à l’essai dans 2-3 % des communes – consiste à sélectionner le maire au moyen d’une procédure d’appel à manifestation d’intérêt. Une commission spéciale est créée à cette fin, composée de conseillers.

 

Le choix d’une de ces quatre options est laissé aux citoyens. Ils sont informés au moyen de réunions publiques, par les médias et par d’autres moyens de sensibilisation. Au terme de la consultation, le choix des citoyens est sanctionné par les tribunaux. Cependant, lors de la procédure de consultation, la Douma d’État a informé les rapporteurs que le projet de loi évoqué par la délégation nationale ne serait pas examiné par la Douma d’État, notamment parce que, selon celle-ci, le projet n’est pas conforme aux principes institutionnels de la législation russe.

 

Toutefois, au cours de la procédure de consultation, la Douma d'Etat a informé les rapporteurs que le projet de loi auquel la délégation nationale a fait référence ne sera pas examiné par la Douma d'Etat, notamment parce que, à son avis, "il ne respecte pas les principes institutionnels de la législation russe".

 

Aux termes de la loi fédérale sur les partis politiques, un parti politique peut être créé librement sans que l’accord des autorités ou d’agents de l’État soit requis. Il peut être créé lors du congrès de fondation d’un parti politique (article 11). La loi fédérale n° 28-FZ du 2 avril 2012 « portant amendement de la loi fédérale ‘sur les partis politiques’ » a réduit de 50 000 à 500 (divisé par cent) le nombre minimal de membres requis. Un membre d’un parti politique ne peut appartenir qu’à une seule section régionale du parti en question (celle de son lieu de résidence permanente ou principale). La charte d’un parti politique peut établir des conditions concernant le nombre minimal de membres de ses sections régionales (article 3, paragraphe 2, et article 23, paragraphe 6, de la loi fédérale sur les partis politiques).

 

Un parti politique (article 3.2 de la loi fédérale sur les partis politiques) doit avoir des sections régionales dans la moitié au moins des entités constitutives de la Fédération de Russie. Les organes directeurs et autres d’un parti politique, ses sections régionales et ses autres subdivisions structurelles doivent avoir leur siège sur le territoire de la Fédération de Russie. En 2012 les exigences relatives au nombre des partis politiques ont été assouplies, ce qui a entraîné l’enregistrement de 60 nouveaux partis. Dans les faits, de nombreux partis ne sont actifs que dans un petit nombre de régions, bien qu’ils aient un statut fédéral. Plusieurs d’entre eux ont été dissous en vertu de décisions judiciaires, le nombre de leurs sections régionales étant passé au-dessous du seuil requis.

 

L’article 2, paragraphe 25, de la loi fédérale n° 67 du 12 juin 2002 relative aux garanties fondamentales des droits électoraux et du droit de participer aux référendums pour les citoyens de la Fédération de Russie (ci-après – loi fédérale n° 67-FZ) prévoit la possibilité de participer aux élections locales en tant qu’associations électorales non seulement pour les partis politiques et leurs subdivisions structurelles, mais aussi pour d’autres organisations (y compris régionales et locales) créées sous la forme d’associations publiques ou de mouvements publics, enregistrées selon la procédure établie et dont les statuts leur permettent de participer à des élections.

 

La Recommandation 297 (2010) du Congrès pointait les difficultés rencontrées par les nouveaux partis pour s’enregistrer au niveau local et régional. Elle invitait les autorités russes à éviter le recours à des listes fermées pour les élections locales et régionales et à prendre des mesures pour garantir que les candidats indépendants puissent se présenter à toutes les élections locales et régionales. Lors de la première partie de la visite de suivi, en 2018, certains experts indépendants locaux ont reproché à ces dispositions légales d’interdire les partis régionaux et locaux, du fait que seuls les partis fédéraux ayant des sections dans plus de la moitié des régions peuvent participer aux élections locales. Cela étant, le droit de se présenter à des fonctions électives locales a été accordé à des organisations publiques (associations et mouvements).

 

De fait, les « listes fermées » (listes de parti) sont utilisées dans de nombreux pays européens, mais le plus souvent pour les élections (législatives) nationales. D’après les informations fournies par le Conseil de la Fédération, le système dit de « listes ouvertes », qui permet aux électeurs non seulement de voter pour une liste mais aussi d’exprimer une préférence pour un ou plusieurs candidats de la liste choisie, a été appliqué au cours des années 1990-2000, dans certaines entités constitutives de la Fédération de Russie (régions de Kalouga et Tver, okrug autonome de Tchoukotka), pour l’élection des organes (représentatifs) législatifs. Cependant, il était peu répandu du fait des difficultés liées à l’organisation et la conduite du vote. Les listes ouvertes n’ont été utilisées que dans quatre régions lors de l’élection de 2003-2005, après quoi elles ont été rendues illégales dans toutes les régions où elles étaient encore autorisées. Lors des élections locales de 2010, les listes ouvertes étaient autorisées dans quatre régions pour les collectivités locales qui souhaitaient utiliser ce mode de scrutin. Ces dernières années, cependant, elles ont été abolies dans les Républiques de Sakha (Iakoutie) et de Touva et l’Oblast d’Oulianovsk. Pendant une brève période, la loi de l’oblast de Tver a autorisé les listes ouvertes, avant que cette possibilité soit abolie. En 2013, la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie a conclu que le système dit des « listes fermées » ne constitue pas une violation de la Constitution et n’est pas contraire aux normes européennes[19]. Actuellement, une seule région (l’oblast de Samara) autorise encore les listes ouvertes, mais aucune de ses communes n’a choisi cette option.

 

Le système électoral proportionnel est maintenant répandu aux niveaux régional et local, principalement en tant qu’élément du système électoral mixte (selon lequel une partie des députés est élue sur des listes de candidats en proportion des voix obtenues par chaque liste, et l’autre partie au sein de circonscriptions uninominales ou plurinominales). La loi fédérale n° 67-FZ/2002 laisse à la discrétion des entités constitutive le choix d’adopter ou non un système électoral proportionnel pour l’élection de tout ou partie des membres des organes (représentatifs) législatifs des entités constitutives de la Fédération de Russie et des assemblées des collectivités locales.

 

Aux termes de l’article 35.19 de la loi fédérale n° 67-FZ/2002, seules des élections au sein de circonscriptions uninominales et/ou plurinominales sont possibles dans le cas des assemblées des localités rurales/urbaines (à l’exclusion des districts urbains) comptant moins de 3 000 habitants, et dans celui des assemblées des localités rurales/urbaines (y compris les organes représentatifs des districts urbains) comptant moins de 15 000 habitants. Le scrutin proportionnel, selon lequel au terme du vote les sièges sont répartis entre les listes de candidats formées par des partis politiques et d’autres associations électorales, ne peut pas être utilisé dans les cas ci-dessus. Cette disposition légale interdit par conséquent, lors de ces élections, la nomination de candidats au moyen de listes de candidats formées par des partis politiques ou des associations électorales, y compris l’application de « listes fermées ». D’après le Conseil de la Fédération, une tendance stable qui a débuté en 2011-2012 et s’est intensifiée après l’adoption de la loi fédérale n° 303-FZ du 2 novembre 2013 « portant amendement de certains actes législatifs de la Fédération de Russie » consiste en l’utilisation de moins en moins fréquente à la fois du système purement proportionnel et du système mixte lors des élections municipales et en leur remplacement par un système majoritaire basé sur des circonscriptions uninominales ou plurinominales.

 

Concernant les possibilités légales, pour des candidats indépendants, de se présenter aux élections locales ou régionales, il est à noter que les citoyens russes peuvent être nommés directement (candidat dans une circonscription uninominale ou plurinominale) ou sur une liste de candidats (dans une circonscription unique). La nomination directe de candidats peut se faire par le candidat lui-même ou par une association électorale. Les candidats peuvent être nommés sur une liste par un parti politique habilité, en vertu de la législation fédérale, à participer aux élections, ou par la section régionale ou toute autre subdivision structurelle de ce parti habilitée, en vertu de la législation fédérale, à participer aux élections au niveau pertinent (article 32, paragraphes 1, 2 et 3, de la loi fédérale n° 67-FZ). La loi fédérale n° 67-FZ permet à des candidats indépendants de participer aux élections régionales et locales, en se désignant eux-mêmes en tant que candidats. Une exception à cet égard est l’élection aux « mandats les plus élevés » (dirigeants des organes exécutifs les plus élevés) dans les entités constitutives de la Fédération de Russie. Dans ces cas, la possibilité d’une candidature par autodésignation telle que prévue par l’article 32, paragraphe 2, de la loi fédérale n° 67-FZ est laissée à la discrétion des entités constitutives de la Fédération de Russie. Toutefois, suite à la restauration de l’élection directe des gouverneurs en 2012, la législation de la plupart des régions ne permet pas les candidatures indépendantes. Lors des élections régionales tenues au scrutin proportionnel, les candidatures indépendantes ne sont pas autorisées.

 

De l’avis de certains interlocuteurs critiques à ce sujet, des efforts manifestes ont visé à exclure les candidats indépendants. Deux instruments ont été utilisés à cette fin :

 

  •  Un mécanisme visant à exclure la présence de candidats indépendants lors des élections, en éliminant les fausses signatures de soutien d’électeurs ou en excluant des candidats au motif d’erreurs dans les documents présentés (par exemple, le Bureau du procureur a tenté d’exclure la candidature de M. Konovalov à la fonction de gouverneur de Khakassie, au motif d’une erreur dans le nom de la section du Parti communiste qui avait présenté sa candidature).
     
  •  L’impossibilité pour un candidat indépendant d’organiser une campagne de publicité : même si un candidat peut se permettre de dépenser des sommes importantes en matériels de campagne, les médias lui contesteront le droit de le faire ; des mesures strictes interdisent la publicité dans les rues et les maisons ; les affiches apposées sur les panneaux d’affichage sont déchirées rapidement, par des groupes spéciaux dont les organisateurs ou soutiens n’ont jamais pu être identifiés. Les rassemblements de rue et les meetings électoraux sont également interdits.  

 

Selon d’autres plaintes, exprimées à la fois par des experts et par des représentants de partis d’opposition et des députés indépendants, plusieurs types de ressources administratives sont utilisées au profit de candidats sortants. Concernant le caractère équitable et transparent des campagnes électorales, d’après les informations fournies par la Chambre des comptes de la Fédération de Russie, la loi fédérale n° 67 du 12 juin 2002 relative aux garanties fondamentales des droits électoraux et du droit de participer aux référendums pour les citoyens de la Fédération de Russie (article 24, paragraphe 10, alinéa e) dispose que les commissions électorales des entités municipales ont autorité pour prendre des mesures, sur le territoire de l’entité municipale, pour le financement de la préparation et de la tenue des élections locales et des référendums locaux. Elles peuvent aussi prendre les mesures appropriées pour : la répartition des fonds alloués sur le budget local et (ou) le budget de l’entité constitutive de la Fédération de Russie ; le soutien financier pour la préparation et la tenue des élections locales et des référendums locaux ; le contrôle de l’utilisation de ces fonds conformément à leur destination. Par ailleurs, la loi fédérale n° 6-FZ (article 9) habilite les instances de contrôle des comptes des entités constitutives de Fédération de Russie et des entités municipales à contrôler : l’exécution des budgets respectifs de ces entités ; la légalité ; l’efficience (efficacité et économie) de l’utilisation des dotations budgétaires ainsi que des fonds reçus d’autres sources prévues par la législation de la Fédération de Russie ; la conformité avec la procédure établie pour la gestion et la jouissance des biens publics (municipaux).

 

L’une des suggestions contenues dans la Recommandation 297 (2010) était la ratification du Protocole additionnel sur le droit de participation. Le Conseil de la Fédération a indiqué à ce sujet que le Protocole « n’a pas de contenu juridique nouveau ou plus vaste que la législation actuelle de la Fédération de Russie relative à la mise en œuvre de l’autonomie locale en Fédération de Russie ». Les dispositions contenues dans la loi fédérale n° 131-FZ réglementent les relations concernant la réalisation du droit de participation aux affaires des collectivités locales. Treize articles de la loi fédérale (articles 22-33 et 251) définissent un large éventail de « procédures participatives », en tant que formes spécifiques d’implication directe et de participation des citoyens (référendums locaux, auditions publiques, rassemblements de citoyens, réunions de citoyens, enquêtes publiques, initiatives législatives citoyennes, autonomie territoriale, etc.). L’article 33 de la loi fédérale n° 131-FZ accorde aux citoyens le droit de participer aux affaires des collectivités locales, sous toute forme conforme à la Constitution de la Fédération de Russie, aux lois fédérales et aux lois des sujets de la Fédération de Russie.

 

D’après les informations fournies par le Conseil de la Fédération, les auditions publiques et les débats publics peuvent se tenir à l’initiative des collectivités locales ou de la population et permettent aux résidents de débattre des projets d’actes juridiques municipaux. Il est à noter que les projets de certains textes de l’entité municipale, tels que leurs statuts et le budget local, doivent faire l’objet d’une audition publique. Une réunion de citoyens peut être organisée pour débattre de questions de portée locale, informer les citoyens au sujet des activités des organes d’autonomie locale et mettre en œuvre l’autonomie territoriale. Lors de cette réunion, il peut être décidé d’adresser une demande aux organes d’autonomie locale, et des personnes peuvent être élues afin de représenter les participants auprès des autorités locales.

 

Une forme importante de participation directe des citoyens est le référendum local (article 3, paragraphe 2, de la Charte). Les citoyens, les associations électorales, les associations publiques ou l’organe représentatif de l’entité municipal peuvent introduire une procédure de référendum. La consultation peut porter sur les questions essentielles concernant l’organisation de l’autorité locale, telles que l’interruption anticipée ou la prolongation du mandat des organes d’autorité locale, la convocation anticipée d’élections de tels organes, l’adoption ou la modification du budget local ou le respect des obligations financières de la commune. Les décisions prises par référendum sont contraignantes sur l’ensemble du territoire de l’entité municipale. Les législations de plusieurs entités constitutives incluent des dispositions détaillées sur les référendums locaux. Par exemple, dans l’oblast de Léningrad, la loi du 9 juin 2009 « sur les référendums locaux dans l’oblast de Léningrad » définit la procédure applicable à la préparation et la tenue de référendums locaux dans les communes. De même, la loi régionale n° 44-oz du 8 mai 2009 « sur les référendums dans la région de Léningrad » définit la procédure applicable à la préparation et la tenue de référendums régionaux dans la région de Léningrad. Lors de la procédure de consultation, les représentants de la région de Léningrad ont souligné que des référendums portant sur des questions locales étaient fréquemment organisés dans cette région. Par exemple, en septembre 2016 il y a eu trois référendums dans les districts municipaux de Lomonosov et Tosno. Cependant, les rapporteurs restent prudents quant à l’utilité effective de telles formes de participation citoyenne, compte tenu de la situation à Moscou, où la possibilité du référendum n’est que très rarement exploitée.

 

Lors de la procédure de consultation, les rapporteurs ont été également informés que dans la région de Léningrad, au cours des cinq dernières années, une attention spécifique avait été accordée au développement de l’autonomie locale, sous la forme de conseils des anciens, de commissions publiques et de comités d’initiatives (depuis 2018). Les conseils des anciens contribuent à la communication entre l’administration municipale et la population. Ils sont particulièrement utiles dans les régions excentrées où les infrastructures de communication sont peu développées. Les initiatives locales des conseils des anciens bénéficient d’un soutien des budgets régionaux et municipaux.

 

Les lois des entités constitutives de la Fédération de Russie et les actes normatifs des organes d’autonomie locale peuvent créer de nouvelles formes de participation citoyenne, sous réserve de leur conformité avec les lois fédérales et régionales en vigueur. Par exemple, la budgétisation participative et la création de conseils des anciens ont vu le jour au moyen d’une initiative populaire et ont reçu le soutien de conseillers municipaux. Néanmoins, les représentants du Conseil de la Fédération ont affirmé, comme il est mentionné ci-dessus, que le niveau actuel de participation citoyenne n’avait pas besoin du soutien du Protocole additionnel.

 

Les rapporteurs saluent les changements positifs introduits à la suite de la Recommandation 297 (2010). Par exemple, le nombre minimal de membres d’un parti requis pour son enregistrement a été considérablement réduit, l’inscription des candidats soutenus par des associations et groupes est autorisée et l’élection des gouverneurs au suffrage direct a été rétablie. L’introduction de circonscriptions uninominales dans les communes pour l’élection des conseillers locaux pourrait aussi accroître la responsabilité des élus. Le système des listes fermées prive les électeurs de la possibilité de profiter du vote préférentiel, mais il ne constitue pas une violation directe des dispositions de la Charte. En effet, l’élection des assemblées au suffrage libre prévue à l’article 3, paragraphe 2, de la Charte n’inclut pas nécessairement un droit des électeurs au vote préférentiel. En revanche, l’obligation légale pour les candidats de réunir un nombre considérable de signatures de soutien et, plus encore, le « filtre municipal » appliqué aux candidatures au niveau des entités constitutives (sujets fédéraux) constituent de graves obstacles aux libertés électorales et devraient être abolis. Les méthodes de participation citoyenne qui ont été mises en place témoignent d’une évolution positive, même s’il semble que des instruments tels que le référendum local sont garantis formellement mais très peu appliqués.

 

Concernant le « filtre municipal », le ministère de la Justice de la Fédération de Russie a souligné au cours de la procédure de consultation que « l’existence d’un tel ‘filtre’ favorise la concurrence politique au niveau local, puisqu’elle contraint les forces politiques à travailler sur les problèmes locaux et à désigner parmi leurs membres des dirigeants politiques qui soient prêts à s’attaquer aux problèmes des collectivités locales et à coopérer avec les autorités de niveau supérieur. Grâce au ‘filtre municipal’, les collectivités locales deviennent une ‘école de la démocratie’ et le dirigeant élu à la tête du sujet de la Fédération de Russie est contraint de tenir compte des intérêts locaux dans ses activités.

 

Les rapporteurs ne partagent pas ce point de vue et, compte tenu des faits susmentionnés, considèrent que la Fédération de Russie respecte en partie l’article 3, paragraphe 2, de la Charte et qu’elle devrait par conséquent abolir la disposition imposant un nombre considérable de signatures en tant que condition pour l’enregistrement des candidatures, ainsi que le « filtre municipal » appliqué aux candidatures au niveau des entités constitutives. Enfin, il convient aussi de souligner que l’introduction formelle de plusieurs instruments de participation prône fortement en faveur d’une ratification du Protocole additionnel par la Fédération de Russie.


[18] http://eng.yabloko.ru/?p=21218

[19] Dans l’ordonnance n° 324-O du 6 mars 2013, « Faisant suite à la demande d’un groupe de députés de la Douma d’État de contrôler la constitutionnalité des dispositions contenues dans les paragraphes 1 et 2 de l’article 89 de la loi fédérale ‘sur l’élection des députés de la Douma d’État de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie’ », la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie a noté que lors des élections tenues selon les règles du système électoral proportionnel à listes fermées, les citoyens, bien qu’exerçant leur droit actif de voter, ne votent pas pour des candidats spécifiques mais pour la liste entière et, en définitive, les votes sont exprimés en faveur d’un parti politique, de son action politique et de son programme électoral. La Cour a ainsi confirmé la possibilité d’établir un système proportionnel à listes fermées. Dans la même décision, elle a noté que la position adoptée par la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise) concernant la réglementation relative aux activités des partis politiques (Venise, 15-16 octobre 2010) indique également que la nomination d’une personne en tant que candidat d’un parti politique est l’expression du droit individuel de cette personne d’être élue (paragraphe 126) ; dans les systèmes électoraux utilisant les listes fermées, les partis peuvent déterminer l’ordre des candidats présents sur les listes, mais il devrait leur être interdit de modifier cet ordre après que le vote a commencé (paragraphe 129).

Article 4.1
Portée de l'autonomie locale - Article ratifié

Les compétences de base des collectivités locales sont fixées par la Constitution ou par la loi. Toutefois, cette disposition n'empêche pas l'attribution aux collectivités locales de compétences à des fins spécifiques, conformément à la loi


Aux termes de l’article 12 de la Constitution, « L’administration locale est autonome dans les limites de ses compétences. » L’article 130, paragraphe 1, de la Constitution dispose que l’autonomie locale assure le règlement par la population, de façon indépendante, des questions d’importance locale, tandis que son article 132, paragraphe 1, dispose que les organes d’autonomie locale […] règlent les autres questions d’importance locale de manière indépendante.

 

La loi fédérale 131-FZ définit le cadre juridique des activités des organes d’autonomie locale, ainsi que les domaines d’importance locale (chapitre 3, articles 14-18) gérés par ces organes de manière indépendante et au moyen des budgets locaux. Ces domaines incluent par exemple l’approvisionnement en électricité, chauffage, gaz et eau, la construction des routes municipales, l’offre de services de transports publics, la création des conditions nécessaires aux services de communication, la restauration collective, le commerce, les loisirs, la culture, le sport, l’aménagement du paysage et de nombreux autres domaines.

 

D’après les critiques formulées par certains interlocuteurs de la délégation lors de sa visite, les communes n’exercent pas suffisamment de compétences. En particulier, sont exclus du domaine de compétences des collectivités locales la gestion de l’enseignement général (mis à part l’entretien des bâtiments scolaires et quelques aspects mineurs), l’offre de services publics, l’organisation des soins médicaux d’urgence, les soins de santé primaire dans les hôpitaux et structures ambulatoires, la prise en charge médicale des femmes avant, pendant et après la naissance, l’organisation et la mise en œuvre du contrôle environnemental des établissements industriels et sociaux et le service des tutelles pour les mineurs et les personnes âgées.  

 

En conséquence, l’accès de la population aux établissements de santé primaire (non spécialisée) s’est dégradé : de nombreux établissements, tels que des cabinets paramédicaux et d’obstétrique, des services de médecine ambulatoire, les hôpitaux de localités rurales, ont été fermés. De même, l’accès aux établissements d’enseignement préscolaire et scolaire s’est lui aussi dégradé, en particulier dans les zones rurales. Le retrait aux collectivités locales de leur compétence de contrôle environnemental a conduit, dans certaines villes et régions, à des crises environnementales de grande ampleur liées à l’absence d’entreprises pour le traitement des ordures ménagères et des déchets industriels. D’une manière générale, bon nombre des compétences des collectivités locales ne font pas l’objet d’une réglementation satisfaisante. Des domaines relevant par leur nature de l’échelle locale ont été transférés aux autorités de l’État, tandis que les collectivités locales se voient au contraire confier des compétences ne correspondant pas à des questions locales.

 

Lors de leurs visites, il a été indiqué aux rapporteurs que dans la pratique la délégation des compétences n’est pas conforme aux dispositions de la Charte, selon laquelle les compétences déléguées doivent être pleines et entières, accompagnées des ressources financières correspondantes et de la responsabilité pour leur exécution. Au contraire, la délégation est partielle, de même que le financement accordé par le niveau d’autorité supérieur. Il existe ainsi un cercle vicieux consistant à retirer des compétences aux collectivités locales pour les transférer au niveau des sujets de la Fédération, qui à leur tour les confient de nouveau aux collectivités locales sous la forme de compétences déléguées accompagnées d’un financement partiel.

 

D’après certains interlocuteurs rencontrés lors des deux visites, les responsabilités des collectivités locales ont été étendues au-delà du domaine de ce niveau d’autorité publique (implication dans des actions contre le terrorisme et la corruption, pour la défense du territoire, etc.) ; un nombre croissant de compétences et responsabilités sont attribuées simultanément à plusieurs niveaux d’autorité publique (les collectivités locales ont été autorisées à exercer conjointement des compétences de l’État tandis que des affaires locales sont maintenant partagées entre les collectivités locales et les districts (raïons), etc.) ; la délégation de compétences de l’État aux districts urbains et municipaux (raïons) a dépassé depuis longtemps des proportions raisonnables. Il n’est pas rare que le volume des compétences déléguées aux collectivités locales dépasse celui de leurs compétences et responsabilités propres. Les collectivités locales, dans pareil cas, doivent assumer en priorité les compétences déléguées, au détriment de leurs compétences propres.

 

En 2011, les collectivités locales se sont vu retirer leurs compétences en matière de santé publique, traditionnellement exercées, en Russie comme dans de nombreux autres États européens, par les collectivités locales. De plus, la loi n° 136-FZ du 27 mai 2014 prévoit le droit pour les sujets fédéraux de retirer à toute collectivité locale ses compétences et responsabilités. En particulier, les collectivités rurales ont perdu la majeure partie de leurs compétences et responsabilités propres, en comparaison avec leurs homologues urbaines. Par ailleurs, la pratique consistant à déléguer des responsabilités des collectivités locales rurales au niveau du raïon est de plus en plus répandue depuis quelques années (Partie 4, article 15 de la loi n° 131-FZ).

 

La Partie 3 de l’article 13 de la loi fédérale n° 131 a retiré 27 compétences aux localités rurales, pour les transférer au niveau des districts municipaux. En conséquence, la possibilité d’une restitution sélective de ces compétences au moyen de la législation des sujets fédéraux a été introduite. Les compétences les plus importantes sont présentées dans le tableau ci-dessous. Par la suite, des amendements apportés au Code fiscal ont réduit de 10 % à 2 % les contributions permanentes aux budgets des localités rurales provenant de l’impôt sur le revenu des particuliers.

 

  • l’organisation de l’approvisionnement en électricité, chauffage, gaz et eau, de l’assainissement et de l’approvisionnement en carburant
     
  • la voirie et la sécurité routière, la création de lieux de stationnement
     
  • l’offre de logements sociaux, l’organisation du parc immobilier municipal, l’inspection municipale des logements
     
  • la création des conditions nécessaires pour l’offre des services de transport et leur organisation
     
  • l’organisation des services bibliothécaires, l’acquisition de fonds bibliothécaires
     
  • la protection du patrimoine culturel (monuments historiques et culturels) de portée locale
     
  • la promotion des arts et artisanats traditionnels et populaires locaux
     
  • la création des conditions nécessaires pour les loisirs collectifs des résidents et l’organisation d’espaces de détente
     
  • l’organisation de la collecte et du traitement des ordures ménagères
     
  • l’exploitation, la protection et la reforestation des zones forestières situées sur le territoire des localités
     
  • l’approbation des plans généraux d’aménagement du territoire, des règles relatives à l’occupation des sols et au développement, aux permis de construire, l’approbation des normes locales d’urbanisme, la gestion des terrains municipaux
     
  • l’organisation des services funéraires et l’entretien des cimetières
     
  • la création des services d’urgence sur le territoire de la localité
     
  • la mise en œuvre de mesures visant à garantir la sécurité des personnes sur les plans d’eau et la protection de leur vie et de leur santé
     
  • la création de sites et d’établissements de soins de portée locale, le contrôle municipal et la protection des espaces naturels protégés de portée locale
     
  • la gestion des pièces d’eau, l’information publique sur la limitation de leur utilisation

 

Il a été indiqué aux rapporteurs que bon nombre de compétences et responsabilités sont partagées par plusieurs niveaux d’autorité. Ces compétences et responsabilités ne sont pas clairement délimitées, bien que des dizaines de lois fédérales portent précisément sur leur délimitation, ce qui ajoute encore à la confusion dans ce domaine. De plus, la loi prévoit l’institution de « droits spécifiques » (articles 14.1 – 16.1 de la loi 131-FZ), qui empiètent sur des responsabilités que les collectivités locales doivent exercer pour leur propre compte.

 

La loi 136-FZ a apporté trois changements majeurs à la réglementation relative aux compétences. D’une part, comme on l’a vu, les sujets fédéraux (régions) se sont vu accorder le droit de réglementer les compétences des communes dans les limites prévues par la Fédération. Un deuxième point concerne la répartition des compétences entre les collectivités rurales et les districts ruraux. La liste « fédérale » des responsabilités municipales en compte une quarantaine. Cependant, depuis l’entrée en vigueur de la loi 136-FZ, seuls les districts municipaux peuvent réellement exercer ces responsabilités. D’après cette loi, les collectivités rurales n’exercent que 15 tâches. Toutes les autres ont maintenant été transférées aux districts, sauf lorsque le législateur régional en a décidé autrement. Une analyse de la législation régionale menée fin 2015 a montré[20] qu’en octobre de cette année un total de 50 régions avaient restitué une partie au moins de leurs responsabilités aux collectivités rurales. Les domaines le plus souvent concernés sont l’élimination des déchets (48 régions), les cimetières et les enterrements (48), le logement social (40), l’eau, l’assainissement et le chauffage (35), la prévention et l’élimination de la corruption (35). Le plus souvent le transfert des tâches se fait de manière forfaitaire, sans différenciation entre les collectivités rurales concernées. Cette réglementation a notamment pour conséquences non seulement une asymétrie multiple entre des communes de même type (les communes urbaines et rurales constituent « deux catégories » de collectivités dans une région et sont confondues dans une autre, etc.) mais aussi une érosion des compétences de base des communes rurales et leur déclassement au rang d’institutions largement inutiles.

 

Cependant, une autre modification de la loi 136-FZ pose un problème plus grave encore (du moins d’un point de vue constitutionnel) : elle permet maintenant de transférer des tâches municipales au niveau de l’État, en vertu de lois régionales. Les régions ont ainsi toute latitude pour retirer des compétences aux autorités territoriales (de tout type : communes, districts, villes indépendantes) et les exercer par elles-mêmes. Le futur statut de ces tâches (c’est-à-dire si elles vont devenir légalement des tâches de l’État ou si elles doivent être considérées comme des tâches municipales « transférées » à l’État) reste incertain. Un autre aspect est cependant bien plus préoccupant : cette réglementation semble être en contradiction avec la Constitution (dont l’article 130 indique que les tâches locales doivent être exercées de manière exclusive par les communes) et avec plusieurs décisions de la Cour constitutionnelle russe (et les positions qui y sont exprimées). La Cour a en effet souligné à de multiples reprises que le principe constitutionnel de l’autonomie locale repose sur des compétences indépendantes et distinctes de celles de l’État et que les tâches locales ne peuvent être assurées que par les communes elles-mêmes[21]. Par exemple, dans sa décision n° 2-P du 29 mars 2011, la Cour constitutionnelle a souligné qu’une confusion des tâches de l’État et des communes conduirait le législateur à imposer aux communes un ensemble de tâches imprécis et instable, ce qui serait contraire à la Constitution. Outre le fait que cette situation touche au principe même de l’autonomie locale (du fait que l’autonomie du domaine de responsabilité n’est plus garantie), elle peut aussi se traduire par une restriction substantielle de l’accès des citoyens à certains services (municipaux).

 

Cela étant, de nombreux sujets fédéraux (régions) ont déjà eu recours à cette possibilité que leur donne la loi 136-FZ. En octobre 2015, un total de 21 régions avaient adopté des lois sur la « redistribution » des compétences. Toutes ces lois prévoient un transfert de tâches locales vers un niveau d’autorité supérieur. Par exemple, la Région autonome de Nénétsie a retiré 18 tâches à toutes les communes de son territoire, tandis que les oblasts de Moscou et d’Orel en ont retiré sept chacun. Le plus souvent (14 régions sur 21), les compétences retirées concernent l’urbanisme (aménagement local, plans d’occupation des sols, plans d’urbanisme, etc.), mais d’autres domaines concernés sont aussi l’approvisionnement en chauffage et en eau (9 régions) ou le traitement des déchets (7). Cette courte liste suffit à montrer que les compétences de base des collectivités locales sont affectées. Il est également intéressant de noter que plusieurs des régions qui ont retiré des compétences de base aux communes sont relativement riches (de même par conséquent que les communes de leur territoire), telles que la Nénétsie et Tioumen (régions pétrolifères), l’oblast de Moscou, etc.

 

Selon certaines voix critiques, les relations entre les organes exécutifs de tous les niveaux reposent sur le principe d’une subordination stricte et arbitraire. Les initiatives législatives locales prennent souvent la forme de pétitions. Pour ce qui concerne les relations entre les organes législatifs au sein des régions, elles se caractérisent par l’absence d’initiatives législatives de la part des collectivités locales. De même, très peu d’initiatives législatives ont été adressées par des assemblées législatives régionales à la Douma d’État de la Fédération de Russie. Ces dernières années, la Douma d’État n’a que très rarement examiné des propositions de loi soumises par des régions.

 

Le Conseil de l’autonomie locale, organe du Conseil de la Fédération, est un mécanisme important de consultation et de conseil qui permet aux membres du Conseil de la Fédération et aux conseillers locaux de discuter de projets de lois et d’examiner des questions d’actualité dans le domaine de l’autonomie locale. Il s’agit d’un organe permanent de conseil et d’expertise composé de membres du Conseil de la Fédération et de représentants d’organes du gouvernement fédéral, d’entités constitutives de la Fédération de Russie et de collectivités locales. Le Conseil se réunit au moins deux fois par an.


Y participent des représentants des autorités de toutes les régions du pays ainsi que des représentants d’organisations publiques à but non lucratif et du monde scientifique. Les principaux objectifs du Conseil sont d’élaborer des recommandations pour la conception et la mise en œuvre de politiques publiques dans le domaine de l’autonomie locale, d’examiner les principaux projets de loi portant sur les relations juridiques dans ce domaine, d’analyser la pratique de l’autonomie locale, de promouvoir la diffusion des bonnes pratiques et d’interagir avec les organes de conseil et d’expertise des autorités publiques.

 

Les réunions du Conseil de l’autonomie locale donnent lieu à l’adoption d’une décision incluant des recommandations au Gouvernement de la Fédération de Russie, à d’autres autorités fédérales, aux autorités publiques des entités constitutives de la Fédération de Russie et aux collectivités locales. D’après les représentants du Conseil de la Fédération, dans la plupart des cas les recommandations relatives à l’autonomie locale sont prises en compte dans les travaux des autorités publiques de tout niveau. En 2018, les réunions du Conseil ont été consacrées à la question de l’amélioration des communautés humaines et à la création d’un environnement urbain accueillant. En novembre 2018, le Conseil a consacré sa réunion ordinaire aux difficultés liées à la conception d’« Outils pour améliorer la qualité de la gouvernance municipale ».

 

Concernant l’avis des organes d’autonomie locale, il convient de noter cependant que le Parlement n’a actuellement aucune obligation légale directe de prendre cet avis en considération dans son activité législative. Selon les représentants du Conseil de la Fédération, cette situation s’explique par le fait que l’autonomie locale n’est pas considérée comme un élément du système de pouvoir de l’État. Cela ne signifie pas pour autant que l’avis des organes d’autonomie locale n’est pas pris en compte. Au contraire, la plupart des activités publiques et politiques, par exemple, des commissions compétentes du Conseil de la Fédération et de la Douma d’État associent les dirigeants des collectivités locales au processus législatif. En particulier, les représentants des communes peuvent participer aux événements publics du Conseil de la Fédération (auditions parlementaires, tables rondes, réunions, y compris sur le terrain dans les régions, conférences, etc.). « Tous ont la possibilité de s’exprimer sur les questions les plus importantes pour eux ; leur avis est entendu, compris et analysé ; lorsqu’il est considéré que leurs initiatives, propositions ou commentaires sont justifiés, mesurés et juridiquement acceptables (notamment en termes de droits constitutionnels et de libertés des citoyens), ils sont défendus au sein des chambres du Parlement fédéral » (Conseil de la Fédération).

 

Cependant, il est aussi arrivé que des entités constitutives – même parmi les plus puissantes d’entre elles – se plaignent que leur avis n’ait pas été pris en considération : en 2004, la Douma de la ville de Moscou a saisi la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie concernant la constitutionnalité du décret n° 176 du Président de la Fédération de Russie du 20 février 1995 « portant approbation de la liste des lieux de patrimoine historique et culturel d’importance fédérale/panrusse ». Ce décret présidentiel listait tous les monuments historiques et culturels qui devaient faire l’objet d’une protection en tant que monuments relevant du niveau de l’État ou d’une république et qui avaient fait l’objet d’un classement et d’une protection de l’État au titre de la procédure en vigueur entre 1960 et 1994 en tant que lieux de patrimoine historique et culturel d’importance fédérale/panrusse. Le décret incluait ces monuments dans la Liste des lieux de patrimoine historique et culturel d’importance fédérale/panrusse. Les sites ci-dessous avaient été inclus dans la Liste contre l’avis des entités constitutives de la Fédération de Russie :

 

  • les sites classés précédemment, selon la procédure établie, comme étant des monuments historiques et culturels d’importance locale ou des sites nouvellement découverts et présentant un intérêt historique, scientifique, artistique ou culturel (ci-après les sites nouvellement découverts) ;
     
  • les sites qui n’étaient pas classés, selon les réglementations, comme étant des monuments historiques et culturels ou des sites nouvellement découverts et qui, lors de l’entrée en vigueur du décret n° 176 du Président de la Fédération de Russie, ne faisaient pas l’objet d’un classement et d’une protection de l’État dans les registres des autorités de protection des monuments historiques et culturels.

 

Concernant la conformité avec les différents paragraphes de l’article 4, la situation en Fédération de Russie est indéniablement conforme au paragraphe 1, puisque les compétences de base des collectivités locales sont fixées par la Constitution et par la loi.

 

Pour ce qui concerne l’article 4, paragraphe 2, à la lumière de la situation décrite ci-dessus (voir en particulier les paragraphes 113-116), les rapporteurs considèrent que les collectivités locales n’ont pas toute latitude pour exercer leur initiative. Il existe un grand nombre de dispositions légales détaillées, qui ne laissent quasiment aucune place à l’initiative locale. Il peut donc être affirmé que la situation en Fédération de Russie n’est pas conforme à l’article 4, paragraphe 2.

 

Le principe de subsidiarité n’est pas à proprement parler mis en œuvre et on note une tendance manifeste à transférer plusieurs responsabilités vers des niveaux d’autorité supérieurs sans que l’option de la coopération intercommunale soit envisagée. Dans le cas de Moscou, il est évident que certaines responsabilités ne sont pas exercées par les autorités les plus proches des citoyens, puisque le niveau de la ville concentre la quasi-totalité des responsabilités importantes, tandis que le niveau d’autorité inférieur (les communes de Moscou) n’a que peu de responsabilités et de ressources. Les rapporteurs concluent par conséquent que l’article 4, paragraphe 3, de la Charte n’est pas respecté en Fédération de Russie.

 

De même, pour ce qui concerne l’article 4, paragraphe 4, les rapporteurs renvoient à leurs conclusions contenues dans les paragraphes 117-118, qui les conduisent à conclure que la situation en Fédération de Russie n’est pas conforme à cette disposition. En effet, les compétences des collectivités locales ne sont pas exclusives et les chevauchements de responsabilités sont très fréquents (la Recommandation 297/2010 suggérait également d’améliorer la répartition des compétences). Le problème de ces chevauchements commence à se poser dans de nombreux pays, et la Russie ne fait pas exception.

 

Pour ce qui concerne l’article 4, paragraphe 5, la latitude des collectivités locales dans l’exercice des compétences déléguées paraît être plus que limitée.

 

Concernant l’article 4, paragraphe 6, les rapporteurs notent qu’il existe plusieurs mécanismes et procédures de consultation. Cependant, d’après certains des interlocuteurs rencontrés par la délégation, ces mécanismes ont été supprimés dans certaines entités constitutives. Il semble exister en la matière un écart entre la législation et la pratique, ce à quoi il convient de remédier. Par conséquent, les rapporteurs considèrent que la situation est partiellement conforme à l’article 4, paragraphe 6.


[20]E. Markwart, « Nouveau recul de l’autonomie locale en Russie ».

[21] Voir par exemple les décisions de la Cour constitutionnelle n° 1-P du 24 janvier 1997, n° 3-P du 15 janvier 1998, n° 15-P du 30 novembre 2000 et n° 2-P du 29 mars 2011.

Article 4.2
Portée de l'autonomie locale - Article ratifié

Les collectivités locales ont, dans le cadre de la loi, toute latitude pour exercer leur initiative pour toute question qui n'est pas exclue de leur compétence ou attribuée à une autre autorité


Voir réponse indiquée à l'article 4.1

Article 4.3
Portée de l'autonomie locale - Article ratifié

L'exercice des responsabilités publiques doit, de façon générale, incomber, de préférence, aux autorités les plus proches des citoyens. L'attribution d'une responsabilité à une autre autorité doit tenir compte de l'ampleur et de la nature de la tâche et des exigences d'efficacité et d'économie.

 


Voir réponse indiquée à l'article 4.1

Article 4.4
Portée de l'autonomie locale - Article ratifié

Les compétences confiées aux collectivités locales doivent être normalement pleines et entières. Elles ne peuvent être mises en cause ou limitées par une autre autorité, centrale ou régionale, que dans le cadre de la loi.

 


Voir réponse indiquée à l'article 4.1

Article 4.5
Portée de l'autonomie locale - Article ratifié

En cas de délégation des pouvoirs par une autorité centrale ou régionale, les collectivités locales doivent jouir, autant qu'il est possible, de la liberté d'adapter leur exercice aux conditions locales.


Voir réponse indiquée à l'article 4.1

Article 4.6
Portée de l'autonomie locale - Article ratifié

Les collectivités locales doivent être consultées, autant qu'il est possible, en temps utile et de façon appropriée, au cours des processus de planification et de décision pour toutes les questions qui les concernent directement.

 


Voir réponse indiquée à l'article 4.1

Article 5
Protection des limites territoriales des collectivités locales - Article ratifié

Pour toute modification des limites territoriales locales, les collectivités locales concernées doivent être consultées préalablement, éventuellement par voie de référendum là où la loi le permet.


Aux termes de l’article 131, paragraphe 2, de la Constitution, « La modification des limites des territoires dans lesquels s’exerce l’autonomie locale est permise en tenant compte de l’opinion de la population des territoires concernés ».

 

Des dispositions pertinentes existent aussi au niveau infranational. En République de Tchouvachie, par exemple, la procédure applicable à la conduite des référendums locaux est définie par la loi n° 2 du 28 avril 2004 « sur les référendums et les scrutins locaux relatifs à la modification des limites territoriales d’une commune, la transformation d’une commune ou la révocation d’un député, d’un membre d’un organe électif d’une collectivité locale ou d’un élu d’une collectivité locale ».

 

Lors de la procédure de consultation, les représentants de la République de Tchouvachie ont indiqué que la loi fédérale n° 62-FZ du 3 avril 2017 « portant amendement de la loi fédérale ‘relative aux principes généraux de l’organisation de l’autonomie locale en Fédération de Russie’ » établit le statut juridique d’un district urbain. Les représentants de la République de Tchouvachie expliquent qu’un tel district se compose d’une ou plusieurs localités unies sur un territoire commun. Ils ne sont pas des entités municipales au sein desquelles l’autonomie locale est exercée directement par la population et (ou) par le biais d’organes d’autonomie locale électifs ou autres. Un district urbain peut exercer certaines compétences d’État transférées aux organes d’autonomie locale en vertu de lois fédérales et de lois des entités de la Fédération. Une localité se voit accorder le statut de district urbain en vertu de la législation de l’entité fédérale sous un certain nombre de conditions légales et avec l’accord de l’organe représentatif de chacune des communes. Les autorités du sujet fédéral, conjointement avec les autorités locales, évaluent les perspectives de développement des territoires et déterminent s’il est possible de leur octroyer le statut de district urbain. Les citoyens de la Fédération de Russie exercent l’autonomie locale par le biais de diverses formes d’expression de leur volonté, mais le plus souvent par le biais d’organes d’autonomie locale électifs ou autres. L’organe représentatif de la commune représente les intérêts de ses résidents et exprime leur opinion sur certains sujets.

 

Par ailleurs, lors des visites, il a été indiqué aux rapporteurs que la loi n° 62-FZ du 3 avril 2017 permet la dissolution de collectivités locales rurales. Aux termes des dispositions pertinentes, toute collectivité locale peut être considérée comme un « district urbain », même en l’absence d’une localité urbaine de taille adéquate et de connexion territoriale. En réalité, cette loi aurait surtout pour but d’établir une collectivité locale unique en tant que district urbain à la place d’un district (raïon) doté d’un système d’administration locale à deux niveaux. Certains sujets fédéraux ont utilisé cette loi pour faire disparaître l’autonomie locale : des collectivités locales ont été dissoutes, les élections directes des dirigeants de collectivités locales ont été supprimées et des communes se sont vu retirer leurs compétences et responsabilités. Cette politique a été menée de la manière la plus agressive, notamment dans les régions de Moscou, Nijni Novgorod et Kaliningrad.

 

À titre d’exemple, les rapporteurs souhaitent mentionner la plainte adressée au Congrès en janvier 2019 par les représentants de certaines communes du district d’Odintsovo (région de Moscou) et qui aurait réuni les signatures de 14 000 résidents de ce district. Ces représentants affirmaient que des collectivités locales rurales avaient été transformées en une seule commune urbaine en violation de l’article 5 de la Charte et malgré l’opposition des résidents à l’égard de ce qu’ils percevaient comme une « urbanisation forcée ».

 

Les témoignages de certains interlocuteurs indiquent que la création par les régions de « districts urbains » sur tout type de territoire, y compris rural, serait maintenant devenue une pratique courante. Plus d’un tiers des régions de Russie ont fait largement usage de ce droit, entraînant la dissolution de collectivités locales. Pour ce faire, il suffit à une région de remplacer l’appellation de « district municipal » par celle de « district urbain » (okrug), ce qui entraîne la dissolution de sept à dix communes par district, et la révocation d’autant de chefs de collectivités locales et de 50 à 100 conseillers locaux. Bien que la Constitution et la législation de la Fédération de Russie prévoient la consultation préalable des collectivités locales concernées, il semble que, dans la pratique, plusieurs collectivités aient été dissoutes sans qu’une telle consultation ait été menée. La consultation préalable des collectivités locales doit avoir lieu non seulement en cas de fusion mais aussi lorsqu’un certain niveau ou une certaine catégorie de collectivité locale est aboli et intégré dans un niveau supérieur ou dans une autre catégorie de collectivités territoriales.

 

Par conséquent, sur la base des informations ci-dessus, il apparaît aux rapporteurs que la situation en Fédération de Russie n’est pas conforme à l’article 5 de la Charte.

Article 6.1
Adéquation des structures et des moyens administratifs aux missions des collectivités locales - Article ratifié

Sans préjudice de dispositions plus générales créées par la loi, les collectivités locales doivent pouvoir définir elles mêmes les structures administratives internes dont elles entendent se doter, en vue de les adapter à leurs besoins spécifiques et afin de permettre une gestion efficace.


Aux termes de l’article 131 de la Constitution, « La structure des organes d’autonomie locale est fixée par la population de manière indépendante ». Toutefois, il apparaît qu’en vertu des dispositions pertinentes de la loi n° 136-FZ du 27 mai 2014 et de la loi connexe n° 8-FZ du 3 février 2015 les communes ont perdu leur capacité à définir la structure et l’organisation de l’administration locale, au profit des autorités régionales.

 

Cette législation a considérablement étendu la discrétion réglementaire des régions. La Constitution russe dispose que les organes municipaux ne sont pas des organes d’État et que la population décide par elle-même de leur structure et de leur création dans le cadre de la loi. La réglementation antérieure contenue dans la loi n° 131-FZ prévoyait que le législateur fédéral définissait plusieurs modèles municipaux et que les communes décidaient par elles-mêmes du modèle dont elles entendaient se doter, qui était alors inscrit dans les statuts de la commune. Avec l’entrée en vigueur de la loi n° 136 FZ, les régions ont reçu le droit de définir les modèles organisationnels des communes de leur territoire, lesquelles ont ainsi été privées de cette forme d’autonomie organisationnelle. D’autres dispositions régissant les fonctions des « chefs de commune » (par exemple les maires) touchent à des questions particulièrement sensibles. Bien que la législation fédérale laisse encore la possibilité d’une élection du maire au suffrage direct (« maires forts ») ou par le conseil municipal (suivie de la nomination d’un chef de l’administration – « modèle du directeur municipal »), elle introduit maintenant un nouveau modèle : une personne choisie par la commission de sélection doit être nommée maire ou administrateur de district par le conseil municipal (d’une ville, d’un district). Les membres de la commission de sélection sont nommés pour moitié par le gouverneur de la région, qui a aussi le droit de proposer des candidats. Fin septembre 2015, un total de 77 régions de Russie avaient adopté des lois correspondantes sur la réorganisation des organes municipaux. Sur ce nombre, 38 ont totalement aboli l’élection des administrateurs de district/maires et six seulement ont maintenu leur élection, tandis que d’autres régions ont laissé aux communes la liberté de choisir entre les différents modèles. Sur les 77 régions étudiées par les experts locaux, 32 ont déjà introduit le « modèle hybride » basé sur une commission de sélection dominée par l’État pour toutes leurs communes ou certaines catégories d’entre elles. Ce processus se poursuit. La plupart des experts russes émettent des doutes quant à la constitutionnalité de ces nouvelles dispositions légales, et les résidents de plusieurs grandes villes ont déposé des recours contre l’abolition des élections au suffrage direct en 2015 (jusque devant la Cour constitutionnelle dans le cas d’Irkoutsk). À ce jour, toutefois, ce genre de mobilisation contre la nouvelle loi est resté sans effet[22].

 

Dans certains cas, cependant, les lois régionales permettent aux communes de faire leurs propres choix. Tel semble être le cas, par exemple, dans la République de Tchouvachie : d’après les informations fournies par le Conseil d’État de cette République, le nombre de membres d’un organe représentatif (assemblée) et la durée de leur mandat sont définis par la commune et inclus dans ses statuts. Les assemblées sont élues au suffrage universel, égalitaire et direct. La commune définit aussi la procédure applicable à l’élection d’un chef de la commune, ses fonctions et compétences et la durée de son mandat. Il peut s’agir d’une personne élue parmi les conseillers, au suffrage direct ou par une assemblée parmi les candidats choisis par une commission de sélection. Par exemple, dans la capitale Tcheboksary, le chef de la commune est élu parmi les membres du conseil municipal de Tcheboksary, dont il dirige les activités. Le chef de l’administration, qui dirige l’organe exécutif de la ville, est recruté à cette fonction sur la base d’une procédure de concours, pour une durée définie par les statuts de la ville.

 

Seules les communes financièrement autonomes (soit, selon les chiffres communiquées aux rapporteurs lors de leurs visites, 2 à 4 % de l’ensemble des collectivités locales) peuvent définir de manière indépendante leur personnel et sa rémunération. Le niveau de subvention des budgets locaux détermine la latitude laissée aux collectivités dans ce domaine.

 

Concernant la définition autonome des structures administratives internes, la Fédération de Russie était autrefois un pays où les communes jouissaient d’un degré d’autonomie organisationnelle comparativement élevé. Les régions ayant obtenu le droit de définir ces structures, il était évident que plusieurs d’entre elles restreindraient considérablement cette autonomie.

 

Les rapporteurs estiment que l’article 6, paragraphe 1, n’est pas pleinement respecté dans la pratique.

 

Pour ce qui concerne le personnel municipal et sa rémunération, l’autonomie accrue des communes financièrement autonomes est une option qui n’existe que dans peu de pays d’Europe. D’une manière générale, l’intensité de l’intervention régulatrice de l’État sur les questions de gestion des personnels locaux est comparable à celle de nombreux autres pays d’Europe.

 

De ce point de vue, la délégation considère que l’article 6, paragraphe 2, est respecté.


[22]. E. Markwart, « Nouveau recul de l’autonomie locale en Russie »

Article 6.2
Adéquation des structures et des moyens administratifs aux missions des collectivités locales - Article ratifié

Le statut du personnel des collectivités locales doit permettre un recrutement de qualité, fondé sur les principes du mérite et de la compétence; à cette fin, il doit réunir des conditions adéquates de formation, de rémunération et de perspectives de carrière.


Voir réponse indiquée à l'article 6.1

Article 7.1
Conditions de l'exercice des responsabilités au niveau local - Article ratifié

Le statut des élus locaux doit assurer le libre exercice de leur mandat.


La Recommandation 297 (2010) appelait les autorités nationales à abroger les dispositions contenues dans l’article 14 de la loi n° 131-FZ concernant la révocation des maires, mais cette recommandation n’a pas été suivie et les gouverneurs peuvent révoquer les maires et les directeurs de l’administration locale. Cependant, il a été indiqué à la délégation qu’actuellement cette possibilité n’était que rarement utilisée.

 

Lors de la procédure de consultation, le ministère de la Justice de la Fédération de Russie a convenu que ce mécanisme est basé sur un contrôle juridictionnel mais a souligné « qu’il n’est que très rarement utilisé ». Le ministère a également souligné que « ce mécanisme ne va pas au-delà de l’interprétation communément acceptée de la responsabilité du chef de commune vis-à-vis de la population et des conseillers locaux ».

 

La loi fédérale n° 131 a introduit des restrictions concernant le nombre de conseillers qui peuvent travailler au sein d’un organe représentatif à titre permanent et recevoir une compensation pécuniaire comparable à la rémunération des agents municipaux. Dans cette optique, les conseillers qui n’exercent pas leur mandat à titre permanent ne sont généralement pas autorisés à utiliser des locaux de manière permanente (bureaux au sein de l’organe représentatif ou en-dehors). Certains conseillers disposent de permanences publiques, qui sont financées sur leurs propres fonds et donations ou par leur parti politique.

 

Le statut financier des élus locaux se caractérise par une certaine irrégularité territoriale, de sorte qu’il est impossible de formuler un avis général uniforme sur le caractère suffisant ou non de la rémunération des conseillers, des membres d’organes électifs des collectivités locales et des élus locaux exerçant leur mandat à titre permanent. En règle générale, les conditions d’exercice de ces personnes sont satisfaisantes. Cela étant, les représentants du Conseil de la Fédération ont reconnu que les nombreuses collectivités locales dont les budgets bénéficient de subventions devraient effectivement améliorer le soutien financier accordé à leurs élus locaux.

 

Dans certaines communes, les conseillers qui exercent leur mandat à temps partiel reçoivent cependant une compensation pécuniaire permanente, liée généralement à une coutume antérieure à l’entrée en vigueur de la loi fédérale n° 131. Bien que celle-ci n’interdise pas de telles formes de compensation, les tentatives de conseillers visant à les inscrire dans une réglementation se sont souvent heurtées à une forte résistance de l’administration visant à limiter les capacités d’action des conseillers indépendants et membres de l’opposition.

 

Les conditions d’exercice des élus sont aussi très différentes au niveau des régions/de l’État.


À Moscou, les membres de la Douma de la ville exercent leur mandat à titre professionnel et permanent ou parallèlement à leur activité principale. Dans la capitale, les fonctions suivantes sont considérées comme impliquant un exercice professionnel : le Président de la Douma de la ville et ses adjoints ; sur décision de la Douma, les présidents de ses subdivisions structurelles permanentes. Il leur est interdit d’exercer une autre activité rémunérée, à l’exception d’une activité d’enseignement, universitaire ou artistique, ou d’assurer un rôle de défense dans des procédures civiles, pénales ou administratives. Les élus qui travaillent à titre permanent reçoivent une rémunération, à laquelle s’ajoutent des frais de voyage, de communications, etc.

 

Les conseillers qui exercent leur mandat parallèlement à leur activité principale à Moscou ne reçoivent aucune rémunération pour leur travail en tant que conseiller, mais ne sont soumis à aucune restriction concernant leur activité principale. Les conseillers peuvent s’absenter de leur travail pour assister aux sessions de la Douma et de ses commissions, groupes de travail et groupes parlementaires, mais pour un maximum de six jours ouvrables par mois. Ils peuvent disposer de moyens de transport officiels, sur demande, pour les trajets liés à l’exercice de leur mandat.

 

Lors de la procédure de consultation, les représentants de la région de Léningrad ont souligné que la législation de la Fédération de Russie ne contient pas de dispositions concernant le droit des gouverneurs de révoquer des maires, et que toutes les compétences des gouverneurs des régions de la Fédération de Russie en matière d’ouverture de procédures juridictionnelles sont dûment décrites en termes à la fois de motifs légaux, de procédures et de délais.

 

Les rapporteurs souhaitent souligner que la révocation des maires par décision des politiciens (gouverneurs) élus au niveau régional soulève cependant encore de sérieux doutes quant au respect de l'article 8 de la Charte. Ainsi qu’il était souligné dans le précédent rapport, les rapporteurs estiment que la possibilité donnée aux gouverneurs de révoquer les maires constitue une violation de l’article 7, paragraphe 1, de la Charte, dans la mesure où elle porte atteinte au principe du libre exercice des fonctions par les élus politiques locaux. Même si les gouverneurs ne font que très rarement usage de ce pouvoir, les responsables politiques régionaux ne devraient pas avoir la possibilité de révoquer des maires.

 

Concernant l’article 7, paragraphes 2 et 3, la situation en Fédération de Russie semble être conforme à ces dispositions. Cependant, les rapporteurs souhaitent souligner qu’ils n’ont pas pu examiner la situation dans les divers sujets fédéraux, où les conditions de compensation et de rémunération des élus peuvent être varier considérablement.

Article 7.3
Conditions de l'exercice des responsabilités au niveau local - Article ratifié

Les fonctions et activités incompatibles avec le mandat d'élu local ne peuvent être fixées que par la loi ou par des principes juridiques fondamentaux.


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Article 7.2
Conditions de l'exercice des responsabilités au niveau local - Article ratifié

Il doit permettre la compensation financière adéquate des frais entraînés par l'exercice du mandat ainsi que, le cas échéant, la compensation financière des gains perdus ou une rémunération du travail accompli et une couverture sociale correspondante.


Voir réponse indiquée à l'article 7.1

Article 8.1
Contrôle administratif des actes des collectivités locales - Article ratifié

Tout contrôle administratif sur les collectivités locales ne peut être exercé que selon les formes et dans les cas prévus par la Constitution ou par la loi.


Il n’existe pas en Russie de système de contrôle des collectivités locales par d’autres niveaux d’autorité. Une exception est le contrôle de l’exercice par les collectivités locales des compétences qui leur sont déléguées. Lors de la procédure de consultation, le Conseil de la Fédération a contesté la validité de cette conclusion des rapporteurs, affirmant que certaines dispositions de la législation russe relative au contrôle concernent aussi les activités des communes. Le Conseil de la Fédération cite à titre d’exemple l’article 21 de la loi fédérale n° 2202 du 17 janvier 1992 sur le ministère public de la Constitution de la Fédération de Russie et diverses lois en vigueur sur le territoire de la Fédération de Russie, portant sur les activités des collectivités locales.

 

Cependant, les rapporteurs notent que l’annulation des actes juridiques municipaux et leur suspension par l’autorité publique compétente de la Fédération de Russie ou d’un sujet fédéral ne sont possibles que si les actes en question portent sur l’exercice par les organes d’autonomie locale de compétences spécifiques de l’État qui leur sont assignées en vertu de lois fédérales et de lois de sujets fédéraux respectivement.

 

Par exemple, aux termes de la loi n° 55 du 30 novembre 2018 de la République de Tchouvachie « sur l’octroi de compétences gouvernementales spécifiques aux collectivités locales de la République de Tchouvachie », les autorités autonomes locales des communes et des districts urbains se voient octroyer pour une durée indéfinie les compétences d’État de la République de Tchouvachie concernant la création et la gestion des commissions administratives chargées de traiter les affaires d’infractions administratives, ainsi que les compétences d’État de la Fédération de Russie concernant la tenue des registres d’état-civil. Dans ce cas, les fonctions du ministère de la Justice et des Affaires patrimoniales incluent le contrôle de la création et de la gestion des commissions administratives dans les communes et les districts urbains ainsi que le contrôle de l’exercice, par les collectivités locales, des compétences d’État déléguées dans le domaine de la tenue des registres d’état-civil.

 

L’annulation d’actes normatifs et de décisions des organes d’autonomie locale ne peut se faire qu’au moyen d’une procédure juridictionnelle, qui peut être engagée par les autorités de l’État et par les citoyens en cas de violation de leurs droits et intérêts légitimes.

 

Le ministère de la Justice de la Fédération de Russie et ses subdivisions régionales[23] veillent à l’uniformité de l’ordre juridique de la Fédération de Russie. À cette fin, une subdivision régionale effectue, conformément à une procédure établie et aux fins de la lutte contre la corruption, des vérifications des statuts des communes et des instruments législatifs municipaux portant amendement de ces statuts lors de leur enregistrement par le gouvernement, etc.

 

Au cours de la phase préalable à l’ouverture d’un procès, le ministère public a le droit d’adresser aux organes d’autonomie locale une contestation de l’acte juridique normatif que le ministère public estime contraire à la loi, accompagnée d’une demande d’annulation ou de suggestions pour remédier aux violations de la loi et des droits des citoyens par le biais d’actions des organes ou responsables locaux, demande qui doit impérativement être examinée dans un certain délai. S’il n’est pas donné droit à la demande, le ministère public a le droit d’engager des poursuites.

 

Lors de leurs divers entretiens, il a été indiqué aux rapporteurs que dans la pratique actuelle les droits des collectivités locales étaient limités a priori, dans la mesure où le ministère public doit mener une expertise de leurs projets de réglementations aux fins d’un contrôle portant sur leurs compétences à la lumière des normes anti-corruption. Cependant, le ministère public étend souvent son contrôle bien au-delà des risques de corruption, considérant que les collectivités locales ne peuvent accomplir que les actions qui leur sont assignées par la loi. Les lois fédérales n° 370-FZ du 21 décembre 2013 et n° 171-FZ du 18 juillet 2017 ont modifié l’article 77 (« Contrôle et surveillance des activités des organes d’autonomie locale et des responsables publics locaux ») de la loi fédérale n° 131-FZ et établi le pouvoir du « (…) ministère public de la Fédération de Russie de superviser les organes d’autonomie locale et les responsables collectivités locales ».

 

Lors de la procédure de consultation, le Congrès national des communes de Russie a souligné qu’une expertise préliminaire anti-corruption au sein du ministère public était préférable pour les communes à une restriction de leurs droits. La législation de la Russie concernant la lutte contre la corruption est très complexe : la législation fédérale, régionale et locale change en permanence. Les conseillers de localités rurales sont souvent peu familiarisés avec les techniques juridiques et ne connaissent pas l’ensemble de la législation en vigueur. L’examen préliminaire permet d’identifier et de corriger d’éventuelles erreurs contenues dans les projets de textes municipaux avant leur adoption et d’éviter ainsi de devoir payer des amendes administratives et passer du temps dans les tribunaux.

 

Cela étant, la délégation considère tout de même que la Fédération de Russie ne dispose pas d’un système général d’autorités publiques chargées spécifiquement du contrôle administratif. Actuellement, diverses dispositions légales régissent les contrôles assurés par les autorités publiques, et des tâches importantes de contrôle sont confiées au ministère public. Bien que l’existence de contrôles d’opportunité systématiques ou de mesures disproportionnées ne soit pas clairement attestée, il est incontestable que la compétence du ministère public (qui agit habituellement en matière pénale) pour exercer un contrôle administratif apparaît comme une particularité. Les rapporteurs encouragent les autorités russes à envisager la création d’un système général de contrôle administratif par des autorités publiques, qui pourraient naturellement se décliner sous des formes diverses selon les entités constitutives de la Fédération de Russie.

 

Les rapporteurs concluent qu’une réforme est à l’évidence nécessaire afin d’établir un système de contrôle administratif de portée générale et transparent. Concernant l’article 8, paragraphe 3, de sérieux doutes existent quant à la conformité de la pratique actuelle de prévention de la corruption, en vertu de laquelle les collectivités locales sont tenues de soumettre au ministère public leurs projets de réglementation pour un contrôle a priori, avec cette disposition. Lorsque cette « expertise anticorruption » excède le domaine des risques de corruption il est indéniable que l’article 8, paragraphe 3 (et paragraphe 1), n’est plus respecté. En conséquence, les rapporteurs estiment qu’il est nécessaire de clarifier dans la loi les limites de ce contrôle anticorruption, d’une manière qui garantira aussi le respect du principe de conformité.


[23] Ordonnance n° 26 du 3 mars 2014 du ministère russe de la Justice « portant approbation des réglementations relatives à l’administration du ministère de la Justice de la Fédération de Russie dans une ou plusieurs entités constitutives de la Fédération de Russie et de la Liste des services du ministère de la Justice de la Fédération de Russie dans les différentes entités constitutives de la Fédération de Russie ».

Article 8.2
Contrôle administratif des actes des collectivités locales - Article ratifié

Tout contrôle administratif des actes des collectivités locales ne doit normalement viser qu'à assurer le respect de la légalité et des principes constitutionnels. Le contrôle administratif peut, toutefois, comprendre un contrôle de l'opportunité exercé par des autorités de niveau supérieur en ce qui concerne les tâches dont l'exécution est déléguée aux collectivités locales.


Voir réponse indiquée à l'article 8.1

Article 8.3
Contrôle administratif des actes des collectivités locales - Article ratifié

Le contrôle administratif des collectivités locales doit être exercé dans le respect d'une proportionnalité entre l'ampleur de l'intervention de l'autorité de contrôle et l'importance des intérêts qu'elle entend préserver.


Voir réponse indiquée à l'article 8.1

Article 9.8
Les ressources financières des collectivités locales - Article ratifié

Afin de financer leurs dépenses d'investissement, les collectivités locales doivent avoir accès, conformément à la loi, au marché national des capitaux.


Voir réponse indiquée à l'article 9.1

Article 9.7
Les ressources financières des collectivités locales - Article ratifié

Dans la mesure du possible, les subventions accordées aux collectivités locales ne doivent pas être destinées au financement de projets spécifiques. L'octroi de subventions ne doit pas porter atteinte à la liberté fondamentale de la politique des collectivités locales dans leur propre domaine de compétence.


Voir réponse indiquée à l'article 9.1

Article 9.6
Les ressources financières des collectivités locales - Article ratifié

Les collectivités locales doivent être consultées, d'une manière appropriée, sur les modalités de l'attribution à celles ci des ressources redistribuées.


Voir réponse indiquée à l'article 9.1

Article 9.5
Les ressources financières des collectivités locales - Article ratifié

La protection des collectivités locales financièrement plus faibles appelle la mise en place de procédures de péréquation financière ou des mesures équivalentes destinées à corriger les effets de la répartition inégale des sources potentielles de financement ainsi que des charges qui leur incombent. De telles procédures ou mesures ne doivent pas réduire la liberté d'option des collectivités locales dans leur propre domaine de responsabilité.


Voir réponse indiquée à l'article 9.1

Article 9.3
Les ressources financières des collectivités locales - Article ratifié

Une partie au moins des ressources financières des collectivités locales doit provenir de redevances et d'impôts locaux dont elles ont le pouvoir de fixer le taux, dans les limites de la loi.


Voir réponse indiquée à l'article 9.1

Article 9.2
Les ressources financières des collectivités locales - Article ratifié

Les ressources financières des collectivités locales doivent être proportionnées aux compétences prévues par la Constitution ou la loi.


Voir réponse indiquée à l'article 9.1

Article 9.1
Les ressources financières des collectivités locales - Article ratifié

Les collectivités locales ont droit, dans le cadre de la politique économique nationale, à des ressources propres suffisantes dont elles peuvent disposer librement dans l'exercice de leurs compétences.


Aux termes de la Constitution de la Fédération de Russie, « Les organes d’autonomie locale administrent les biens municipaux, élaborent, approuvent et exécutent le budget local, établissent les impôts et taxes locaux (…) ». D’après l’article 52 de la loi fédérale 131-FZ, chaque entité municipale dispose de son propre budget (budget local). En conformité avec les exigences établies par le Code budgétaire de la Fédération de Russie, les organes d’autonomie locale assurent la préparation et l’examen du projet de budget local, l’approbation et l’exécution du budget local, le contrôle de son exécution, la préparation et l’approbation du rapport sur l’exécution du budget local (partie 2, article 52 de la loi fédérale 131-FZ).

 

Le Code budgétaire énonce notamment des principes tels que l’équilibre budgétaire, la couverture globale des dépenses budgétaires, la transparence (publicité) et la fiabilité budgétaire. Les autorités budgétaires des entités municipales sont établies en vertu du Code budgétaire de la Fédération de Russie (ci-après « le Code budgétaire »). Les articles 61, 611-615 du Code budgétaire réglementent de manière détaillée les recettes budgétaires des localités urbaines, des zones municipales, des districts urbains, des districts urbains subdivisés, des districts intra-urbains et des localités rurales.

 

D’après l’article 55 de la loi fédérale 131-FZ, les recettes budgétaires locales sont générées conformément à la législation budgétaire de la Fédération de Russie, à la législation sur les taxes et impôts et à la législation sur les autres contributions obligatoires. Les recettes de base des budgets locaux proviennent des taxes et impôts locaux ainsi que des parts des taxes et impôts fédéraux et régionaux assignées de manière permanente aux entités municipales. Par ailleurs, les taxes locales incluent la taxe foncière et la taxe sur les biens des particuliers, dont l’assiette se distribue de manière relativement uniforme à l’échelle du pays et qui permettent aux collectivités locales d’exercer un contrôle effectif sur les objets de taxation concernés. En outre, ces sources d’imposition présentent un faible risque de volatilité résultant de fluctuations de l’économie internationale.

 

Les articles 387-418 du Code fiscal de la Fédération de Russie incluent des dispositions et limitations générales concernant les taxes et impôts locaux (ces dispositions définissent en particulier : les contribuables, les objets de taxation, l’assiette fiscale, la période imposable, les limitations des taux d’imposition et les avantages fiscaux). Les taxes locales sont la taxe foncière, la taxe sur les biens des particuliers et la taxe professionnelle. La loi prévoit par ailleurs des transferts budgétaires fédéraux obligatoires, provenant des recettes des taxes fédérales suivantes : la taxe sur le revenu des particuliers, les taxes indirectes sur les produits pétroliers, les régimes fiscaux spéciaux pour les petites et moyennes entreprises, la taxe unique sur les revenus complémentaires, la taxe unique sur les terrains agricoles, etc. D’après la législation russe, la taxe professionnelle ne peut être levée que dans les villes d’importance fédérale, mais il faut pour cela qu’une loi sur cette question ait été adoptée préalablement. En 2019, seules les autorités de Moscou ont adopté une telle loi (loi n° 62 du 17 décembre 2014 portant création de la taxe professionnelle, entrée en vigueur le 1er juillet 2015). En Russie, la taxe professionnelle n’existe nulle part ailleurs qu’à Moscou.

 

Les entités constitutives de la Fédération de Russie contribuent aussi à la législation fiscale. Dans la République de Tchouvachie, où les rapporteurs se sont rendus (mais aussi ailleurs), les assemblées municipales sont habilitées à définir, dans les limites fixées par le Code fiscal de la Fédération, les taux d’imposition, l’ordre et l’échéance des paiements. Elles peuvent aussi introduire des avantages fiscaux et/ou des montants non imposables pour certaines catégories de contribuables. Dans cette même République, un dispositif d’« initiative de financement » associe la population et les entreprises à la prise de décisions sur l’affectation de dépenses budgétaires à des projets spécifiques, dont le coût total est couvert par les budgets régional et local (82 %) et des fonds de particuliers et d’entreprises (18 %). Les projets sont évalués d’après le degré de participation citoyenne. Lors de la procédure de consultation, les représentants de la République de Tchouvachie ont souligné que dans la République voisine du Tatarstan une autre variante de l’« auto-imposition », dite « initiative d’autofinancement », a été introduite avec succès. Elle prévoit l’attribution de fonds supplémentaires, du budget de la République vers les budgets des communes qui ont introduit cette initiative d’autofinancement citoyen : pour chaque rouble apporté par les résidents locaux, la République en ajoute quatre autres. En 2018, le taux de collecte de financements citoyens sur la base de référendums sur des initiatives d’autofinancement a été de 79,8 % (217 millions de roubles). Le 18 novembre 2018, des référendums locaux portant sur les initiatives d’autofinancement citoyen pour 2019 ont été organisés dans 844 localités de 43 districts municipaux de la République du Tatarstan. Parmi les activités mises en œuvre grâce à cet autofinancement citoyen, et cofinancées sur le budget de la République, 47 % concernent des infrastructures routières (y compris l’entretien de ponts), la rénovation de logements, le réaménagement et l’entretien de cimetières, la protection contre l’incendie, etc.

 

Un expert indépendant rencontré par la délégation a souligné lors de la procédure de consultation que les autorités des entités constitutives de la Fédération de Russie comprennent l’intérêt, pour les collectivités locales, d’introduire l’auto-imposition. Toutefois, les résidents eux-mêmes, qui soumettent les initiatives, ne souhaitent pas payer des impôts supplémentaires et n’effectuent pas les versements dans les délais impartis. Les fonds issus de l’auto-imposition, qui doivent être complétés par les budgets municipaux, ne sont pas collectés dans leur intégralité. Par exemple, en République du Tatarstan, fin 2016 entre 17 et 62 % du montant prévu avaient été collectés dans les différentes entités municipales. Les autorités réfléchissent à des mécanismes de responsabilité administrative en cas de non-paiement. Dans d’autres entités constitutives de la Fédération de Russie connaissant des situations analogues, des amendes sont appliquées. Ainsi, la non-application des décisions prises par référendum est considérée comme une infraction administrative dans les entités suivantes : Ingouchie, Komis, Maris, Khakassie, Volgograd, Kirov, Nijni Novgorod, Orenbourg, Pskov, Sakhaline, Tver, Orel, Tcheliabinsk et Krasnoïarsk. Il doit être tenu compte du fait que la décision d’auto-imposition n’implique pas un soutien unanime de la population. Cependant, l’imposition d’amendes a pour effet de discréditer les mécanismes de dépôt d’initiatives.

 

La République de Tchouvachie offre aussi l’exemple intéressant d’un système financier appliqué dans une grande ville, en l’occurrence la capitale Tcheboksary : le budget de la ville est de 12 milliards de roubles ; sur le total des recettes, 40 % se composent de recettes fiscales et non fiscales collectées dans la ville, le reste provenant de transferts de la République. Les taux des taxes propres sont fixés par l’assemblée de la ville, dans le respect du Code budgétaire et du Code fiscal de la Fédération de Russie. La législation fédérale accorde une marge de discrétion de 0-2 % pour la taxe foncière et la ville a choisi de fixer son taux à 1 %. L’impôt sur le revenu constitue la principale source de recettes. La République de Tchouvachie transfère en outre aux budgets locaux, sur son budget consolidé, une part supplémentaire de 15 % de ces recettes fiscales. Une autre part supplémentaire de 7 % de ces recettes fiscales revient à la ville. 

 

Dans un pays aussi divers que la Fédération de Russie, il est évident que les recettes des collectivités locales peuvent varier considérablement selon les territoires et/ou les collectivités. En République du Tatarstan, par exemple, où les recettes totales des communes atteignent 20 % des recettes publiques totales, les recettes propres représentaient en 2018 plus de la moitié (50,6 %) des recettes budgétaires totales des communes, tandis que 10 % des communes peuvent couvrir la totalité de leurs dépenses sur leur recettes propres. L’impôt sur le revenu des particuliers représente 62 % du montant total des recettes fiscales locales du Tatarstan et 60-90 % des recettes des différentes communes. Lorsque des lois de la République délèguent des compétences d’État aux collectivités locales, celles-ci reçoivent des subventions destinées à compenser les dépenses supplémentaires. Le montant des subventions est défini au moyen d’une méthode spécifique visant à harmoniser la répartition des fonds alloués. La Chambre des comptes de la République conduit une évaluation financière des projets de loi sur la délégation de compétences de l’État aux communes, portant également sur les méthodes de financement prévues.

 

Les fonds alloués aux collectivités locales pour la mise en œuvre de tâches d’État déléguées sont détaillés pour chacune de ces tâches dans le budget de la République du Tatarstan pour chaque exercice fiscal. En 2018, 25 milliards de roubles ont été alloués aux tâches déléguées. La Chambre des comptes contrôle que les fonds ont bien été alloués en intégralité et en temps voulu. Les résultats de ces contrôles sont inclus dans les rapports de la Chambre des comptes soumis au Parlement de la République du Tatarstan tous les trois mois.

 

Compte tenu de la taille du pays, des mesures sont prises pour égaliser les capacités financières des collectivités locales. Actuellement, cette péréquation se fait par le versement, depuis les budgets supérieurs, de dotations non remboursables et irrévocables, et qui ne sont pas affectées à une fin spécifique. Dans un système comprenant deux niveaux de collectivités locales, les dotations allouées peuvent l’être de trois manières :

 

  • les localités rurales/urbaines, les districts urbains non subdivisés et les districts intra-urbains reçoivent des donations provenant du budget régional, en proportion de leur population ;
     
  • les zones municipales et les districts urbains, les entités constitutives de la Fédération de Russie allouent des subventions, en tenant compte des recettes potentielles et du volume des dépenses nécessaires pour gérer les affaires locales ;
     
  • les zones municipales allouent des donations aux localités rurales/urbaines de leur territoire, en tenant compte également des recettes potentielles et des dépenses budgétaires de ces localités.

 

Comme d’autres sujets, la République du Tatarstan possède sa propre méthode de calcul des transferts de péréquation. Les collectivités locales décident en toute indépendance de la manière dont les transferts seront utilisés. D’autres subventions sont allouées sur le budget de la République afin de cofinancer les dépenses découlant de tâches relatives aux affaires locales. Ces fonds sont alloués sur la base d’accords avec les collectivités locales.

 

Globalement, d’après les données fournies par le Conseil de la Fédération, sur les six dernières années (2012-2017) les recettes budgétaires des collectivités locales de la Fédération de Russie affiche un taux de croissance régulier : de 3 140 milliards de roubles en 2012 à 3 850 milliards en 2017, soit une hausse de 22 %. Par ailleurs, les deux tiers des recettes proviennent de sources de recettes propres des communes (fiscales et non fiscales).

 

Toujours d’après les données du Conseil de la Fédération, la situation en Fédération de Russie est conforme au paragraphe 3 (une partie des ressources provient de redevances et d’impôts locaux) et au paragraphe 4 (système financier de nature diversifiée et évolutive).

 

Cela étant dit, les personnes interrogées lors des visites ont souligné que la situation financière des collectivités locales s’était détériorée et que le nombre des collectivités locales subventionnées avait augmenté (de 96 à 98 % de l’ensemble des communes). Les localités, aujourd’hui comme par le passé, tirent des recettes budgétaires de deux taxes locales, une taxe sur la propriété et une taxe foncière. Celles-ci ne sont cependant pas devenues la source principale des recettes budgétaires locales. Ainsi, en 2017, d’après la mise en œuvre de l’ensemble des budgets locaux, la part de la taxe sur la propriété était de 3 % et celle de la taxe foncière, de 14,5 %. Globalement, les recettes budgétaires provenant des taxes (même en y incluant l’impôt sur le revenu, qui est transféré aux budgets locaux sur la base d’un taux spécifique) représentent moins de la moitié des recettes budgétaires locales. L’augmentation des taxes ne serait pas proportionnée aux compétences et responsabilités des collectivités locales.

 

La situation concernant les budgets locaux demeure donc très complexe. L’introduction d’une approche différenciée pour la détermination des sources de recettes des localités urbaines et rurales a été dictée par une modification de la législation sur l’administration locale. Elle a entraîné une forte réduction du volume des affaires publiques relevant de la responsabilité des collectivités locales. Aujourd’hui, une telle réduction des sources de recettes des collectivités locales rurales ne peut être jugée raisonnable. Ces collectivités ont en particulier souffert de la réduction de leurs recettes provenant de l’impôt sur le revenu (de 10 % à 2 %). En conséquence, la part des recettes fiscales au sein des budget locaux a chuté, compromettant leur équilibre budgétaire, et ces collectivités dépendent désormais plus lourdement des transferts provenant des budgets des raïons et surtout des budgets régionaux.

 

En 2017, les budgets des collectivités locales rurales – qui représentent en Russie plus de 18 500 des 22 000 communes – n’ont reçu que 6,7 % du volume global des recettes fiscales (75,3 milliards de roubles). Les modifications de la législation relative à la répartition des recettes et des dépenses entre les différents niveaux d’autorité publique, introduites en 2014, sont venues s’ajouter aux graves difficultés liées à la démographie, au chômage et au niveau relativement faible des salaires dans le pays.

 

Concernant le principe de proportionnalité, l’article 83, paragraphe 1, du Code budgétaire de la Fédération de Russie dispose que chaque fois qu’une loi ou un autre acte réglementaire est adopté, et entraîne une augmentation des dépenses ou l’introduction de nouveaux types de dépenses qui, avant l’adoption du texte en question, n’étaient assumées par aucune entité de droit public, l’acte juridique en question doit contenir des dispositions précisant les sources des nouvelles dépenses et les procédures applicables à leur exécution, y compris le cas échéant la procédure applicable au transfert de ressources pour les nouveaux types de dépenses vers les budgets pertinents de la Fédération de Russie. Il n’est cependant pas possible de déterminer si les dispositions susmentionnées, qui respectent le principe de proportionnalité, sont effectivement appliquées dans les faits.

 

Les budgets fédéraux et régionaux soutiennent activement les collectivités locales pour la résolution de problèmes dans le cadre de projets nationaux. Par exemple, ces dernières années, des fonds importants ont été alloués pour la construction et la rénovation d’écoles, de crèches, d’installations sportives, ainsi que pour l’amélioration des parcs et espaces publics. Cependant, des experts locaux ont critiqué une modification apportée à la structure des transferts inter-budgétaires (la part des transferts « réservés » sous la forme de subventions a fortement augmenté, tandis que la part générale des dotations a chuté).

 

Plus précisément, la période 2010-2017 a vu une augmentation importante du volume des transferts réservés vers les budgets locaux. L’augmentation a été particulièrement nette dans le cas des subventions (elles ont plus que doublé), c’est-à-dire les ressources destinées à l’exercice de compétences transférées aux collectivités locales, ce qui ne peut pas être considéré comme une évolution positive. Le volume des dotations sur la même période n’a pas évolué, ce qui signifie que le volume réel des subventions à diminué, si l’on tient compte du taux d’inflation élevé. La part des subventions au sein du volume global des transferts aux collectivités locales a chuté en 2017 de 23 % à 15 %. Cette évolution ne peut être jugée positive du point de vue de la Charte, qui dispose (article 9, paragraphe 7), que « Dans la mesure du possible, les subventions accordées aux collectivités locales ne doivent pas être destinées au financement de projets spécifiques. L’octroi de subventions ne doit pas porter atteinte à la liberté fondamentale de la politique des collectivités locales dans leur propre domaine de compétence. »

 

Les emprunts municipaux sont considérés comme des prêts aux communes. Ces prêts prennent la forme de titres émis en leur nom et placés sur le marché intérieur dans la devise de la Fédération de Russie et de prêts contractés auprès d’autres budgets de la Fédération de Russie ou auprès d’organismes de crédit, donnant lieu à un service de la dette. Le Code budgétaire de la Fédération de Russie ne permet pas aux communes d’emprunter à l’étranger dans la devise de la Russie. L’assemblée de la commune est l’autorité compétence pour effectuer un emprunt au nom de la commune, conformément au Code budgétaire de la Fédération de Russie et aux statuts de l’entité municipale.

 

Afin d’éviter le surendettement des collectivités locales, les restrictions prévues par le Code budgétaire de la Fédération de Russie s’appliquent. Aux termes de l’article 921 du Code, le déficit budgétaire local ne peut pas dépasser 10 % des recettes annuelles totales effectives (hors recettes à titre grâcieux). Le volume maximal de la dette municipale ne peut pas dépasser le volume total annuel approuvé des recettes budgétaires locales.

 

Aux termes de l’article 111 du Code budgétaire de la Fédération de Russie, le volume des dépenses affectées au service de la dette publique ne peut pas dépasser 15 % du volume total des dépenses. Si, lors de l’exécution du budget du sujet de la Fédération de Russie, le budget local dépasse les limites définies par le Code budgétaire, la collectivité locale n’a pas le droit de contracter de nouvelles dettes, sauf dans le cadre d’une restructuration de la dette municipale (article 111 du Code budgétaire de la Fédération de Russie).

 

Concernant le transfert de biens de l’État aux collectivités locales et régionales, la Chambre des comptes de la Fédération de Russie a indiqué à la délégation qu’au cours des trois premiers trimestres de 2017, comme le suggérait la Recommandation 297 (2010), les organes territoriaux de l’Organisme de gestion des biens fédéraux ont transféré 4 755 biens fédéraux à des entités fédérales et des communes, dans le cadre de la délimitation des pouvoirs entre les entités publiques. En 2017, l’Organisme de gestion des biens fédéraux a aussi transféré, dans le cadre de programmes spéciaux, 327 terrains d’une superficie totale de 1 271 hectares à des communes et 320 terrains d’une superficie totale de
2 751 hectares à des sujets fédéraux.

 

Bien que la situation financière des collectivités locales soit très variable selon les entités constitutives, l’impression générale des interlocuteurs est que l’article 9 de la Charte est en partie respecté en Fédération de Russie. La question du caractère suffisant des ressources suscite un certain scepticisme, en particulier pour ce qui concerne certains types de collectivités locales, comme les communes de la ville de Moscou, lesquelles ne disposent manifestement pas de ressources suffisantes.

 

Dans le cas de ces collectivités, l’article 9, paragraphe 1, n’est pas respecté.

 

Concernant le principe de proportionnalité, plusieurs dispositions et mécanismes semblent exister à ce sujet, mais leur fiabilité n’est pas certaine. Plusieurs interlocuteurs de la délégation ont dénoncé les tendances consistant à centraliser des compétences pour les transférer ensuite à certaines collectivités locales en tant que compétences déléguées, sans les accompagner du financement correspondant.
Par conséquent, les rapporteurs concluent au respect partiel de l’article 9, paragraphe 2.

 

La situation en Fédération de Russie est conforme à l’article 9, paragraphe 3, puisqu’une part considérable des recettes provient de redevances et d’impôts locaux dont les collectivités locales peuvent déterminer le taux.

 

Le système financier semble être suffisamment diversifié, comme le requiert le paragraphe 4.

 

Des procédures de péréquation existent en Fédération de Russie et dans ses entités constitutives. Le principe de l’article 9, paragraphe 5, est respecté en Fédération de Russie, bien qu’il ne soit pas certain que les différents mécanismes de péréquation des entités soient équitables et transparents.

 

Mises à part quelques dotations réservées, la majorité des fonds alloués semblent l’être sous la forme de dotations générales, bien qu’il ne soit pas certain que cela soit véritablement le cas dans les différentes entités constitutives. Le principe de l’article 9, paragraphe 7, paraît être respecté en Fédération de Russie.

 

Il en est de même de l’article 9, paragraphe 8 : d’après les informations fournies par les interlocuteurs locaux, il semble que les collectivités locales aient accès au marché national des capitaux dans les limites du cadre juridique.

 

Enfin, la question de la consultation appropriée des collectivités locales concernant l’attribution des ressources redistribuées, et par conséquent de la conformité de la Fédération de Russie avec l’article 9, paragraphe 6, suscite un certain scepticisme. D’après les informations fournies par les interlocuteurs lors des visites, une telle consultation semble ne pas exister dans plusieurs entités constitutives.

Article 9.4
Les ressources financières des collectivités locales - Article ratifié

Les systèmes financiers sur lesquels reposent les ressources dont disposent les collectivités locales doivent être de nature suffisamment diversifiée et évolutive pour leur permettre de suivre, autant que possible dans la pratique, l'évolution réelle des coûts de l'exercice de leurs compétences.


Voir réponse indiquée à l'article 9.1

Article 10.1
Le droit d'association des collectivités locales - Article ratifié

Les collectivités locales ont le droit, dans l'exercice de leurs compétences, de coopérer et, dans le cadre de la loi, de s'associer avec d'autres collectivités locales pour la réalisation de tâches d'intérêt commun.


La législation russe prévoit un droit à la coopération intercommunale, dont elle définit les formes. Conformément aux articles 8, 66 et 67 de la loi fédérale n° 131-FZ, des associations municipales ont été créées dans chaque sujet de la Fédération de Russie, ainsi qu’une association regroupant toutes les communes de Russie, appelée le Congrès. D’autres organisations de coopération intercommunale sont actives en Fédération de Russie, comme le Conseil panrusse des collectivités locales, l’Union des villes de Russie, l’Association des villes petites et moyennes de Russie, l’Association des villes sibériennes et extrême-orientales de Russie, etc.  

 

Cependant, certains textes législatifs opposent des obstacles à la coopération intercommunale. C’est le cas en particulier de la législation budgétaire (problème du financement mutualisé des compétences et responsabilités locales par les communes concernées par la coopération) et de la législation sur la privatisation et plusieurs autres domaines. Par exemple, la loi fédérale n° 44-FZ dispose que les biens municipaux ne peuvent pas être transférés à une autre entité autrement que par un appel d’offres public. Par conséquent, si des communes constituent un organe de gouvernance intercommunale, elles ne peuvent lui transmettre directement aucun bien ni aucune ressource. Pour la même raison, une commune ne peut pas acheter auprès d’une autre la prestation de certains services publics, bien que cette forme de coopération soit fréquente dans de nombreux pays.

 

Une autre raison fournie à la délégation est l’absence de motivation des communes elles-mêmes pour coopérer entre elles. Pour la plupart d’entre elles, il est plus sûr et plus pratique de résoudre leurs problèmes au niveau d’autorité supérieur, d’autant plus que les autorités publiques régionales témoignent souvent d’une réticence et d’une suspicion à l’égard de toute forme de coopération intercommunale mise en œuvre « derrière leur dos ». De surcroît, la confiance mutuelle entre les collectivités locales est extrêmement faible et le pays manque d’une tradition de coopération intercommunale, et plus encore d’expériences ou de pratiques positives en la matière.

 

Les formes de coopération intercommunale les plus fréquentes sont de nature « représentative », telles que les associations intercommunales : fédérales, interrégionales (Nord-ouest, Sibérie et Russie extrême-orientale, etc.), régionales ou sectorielles (petites villes, villes charbonnières, etc.). Ces associations sont largement répandues et actives en tant qu’outils pour l’échange d’expériences et la promotion des intérêts municipaux auprès de l’État, quoique certains aspects de leurs activités ne soient pas clairement précisés dans la législation pertinente.

 

Cependant, la coopération intercommunale économique à petite échelle est très peu développée. Il existe bien quelques accords intercommunaux signés par des communes de la même zone métropolitaine, mais ce ne sont le plus souvent que de simples déclarations d’intention, qui ne portent que rarement sur des questions d’activité économique ou sociale. Il existe quelques rares projets intercommunaux efficaces concernant la coordination des systèmes de transport, la gestion des cimetières, etc. La coordination dans le domaine de la planification stratégique est probablement le seul type de coopération intercommunale à petite échelle suscitant un certain intérêt, peut-être aussi parce qu’il n’implique aucune activité économique.

 

Les interlocuteurs de la Fédération de Russie ont mis l’accent sur leur coopération avec le « Conseil panrusse des collectivités locales » (VSMS). Cette association publique a pour activités principales l’identification des meilleures pratiques en matière de gestion municipale et l’organisation d’échanges d’expériences entre les représentants de communes diverses. Le VSMS accorde aussi une attention spécifique aux conseils aux communes sur l’amélioration des compétences de leur personnel et sur la constitution d’une réserve de main-d’œuvre pour les collectivités locales.

 

La commission du Conseil de la Fédération sur la structure fédérale, la politique régionale, l’administration locale et les affaires nordiques coopère étroitement avec le Congrès national russe des communes (OKMO), organisation à but non lucratif incluant des conseils (associations) de collectivités locales des entités constitutives de la Fédération de Russie. En vertu de l’article 67 of loi fédérale
n° 131-FZ, il appartient à cette organisation de soumettre des propositions de candidats pour la composition de la Délégation nationale de la Fédération de Russie à la Chambre des pouvoirs locaux du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe.

 

Il a été souligné que la plupart des associations de pouvoirs locaux des régions ne sont pas en mesure de défendre les intérêts des collectivités locales et limitent leurs actions à des fonctions de représentation. Le Congrès national russe des communes aurait encore moins la capacité de défendre les intérêts des collectivités locales en général et des communes en particulier.

 

Lors de la procédure de consultation sur le présent projet de rapport, le Congrès national russe des communes a souligné que cette association attire l’attention sur certaines difficultés des collectivités locales, telles que le manque de financement des budgets locaux, qu’elle tient des réunions et qu’une consultation a lieu avec l’Assemblée fédérale et les ministères fédéraux concernant la mise en œuvre de ses recommandations.

 

La délégation conclut que la Fédération de Russie semble respecter formellement l’article 10, bien qu’à l’évidence la législation pertinente doive être développée afin d’encourager la mise en œuvre effective d’initiatives indépendantes de coopération intercommunale.

Article 10.2
Le droit d'association des collectivités locales - Article ratifié

Le droit des collectivités locales d'adhérer à une association pour la protection et la promotion de leurs intérêts communs et celui d'adhérer à une association internationale de collectivités locales doivent être reconnus dans chaque Etat.


Voir réponse indiquée à l'article 10.1

Article 10.3
Le droit d'association des collectivités locales - Article ratifié

Les collectivités locales peuvent, dans des conditions éventuellement prévues par la loi, coopérer avec les collectivités d'autres Etats.


Voir réponse indiquée à l'article 10.1

Article 11
Protection légale de l'autonomie locale - Article ratifié

Les collectivités locales doivent disposer d'un droit de recours juridictionnel afin d'assurer le libre exercice de leurs compétences et le respect des principes d'autonomie locale qui sont consacrés dans la Constitution ou la législation interne.


Aux termes de l’article 133 de la Constitution de la Fédération de Russie, les collectivités locales disposent d’un droit de recours juridictionnel. Par ailleurs, d’après l’article 7, paragraphe 5, de la loi fédérale 131-FZ relative à l’autonomie locale, si un organe d’autonomie locale considère qu’une loi fédérale ou un autre acte réglementaire de la Fédération de Russie ou une loi ou tout autre acte réglementaire d’une entité constitutive, concernant l’organisation de l’autonomie locale et/ou l’établissement de droits, obligations et responsabilités des organes et des élus de collectivités locales, ne sont pas conformes à la Constitution de la Fédération de Russie, aux lois constitutionnelles fédérales, aux lois fédérales, aux accords sur la délimitation des compétences entre les organes d’autorité publique de la Fédération de Russie et les organes d’autorité publique d’une entité constitutive, la question est soumise à la juridiction compétente.

 

Dans la pratique, cependant, d’après les informations fournies lors des visites, les collectivités locales n’ont que peu recours à ce droit. Cela s’explique en partie par la dépendance croissante du système judiciaire et sa subordination aux organes exécutifs et au ministère public. Cette influence se ressent en particulier dans l’action et les décisions de la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie. Pendant longtemps, la Cour constitutionnelle a dans une certaine mesure protégé l’autonomie locale, mais d’après les critiques d’experts locaux, elle aurait depuis peu perdu cette fonction.

 

Le cadre juridique de la Fédération de Russie prévoit aussi l’existence de cours constitutionnelles régionales. Cependant, seulement 15 sujets fédéraux ont établi leur propre cour constitutionnelle, tandis que 70 autres ont décidé de ne pas le faire. En République du Tatarstan, une loi de 1992 a instauré une Cour constitutionnelle. D’après les informations fournies par celle-ci, sur les 60 décisions appliquant le droit international, huit portaient sur la Charte européenne de l’autonomie locale. Lors de la procédure de consultation, la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie a déclaré que son arrêt n° 81-P du 5 mars 2019, mentionné dans le projet de rapport, porte sur le transfert de biens municipaux lors de la modification des limites territoriales de communes, plutôt que l’octroi de ressources pour l’exercice de compétences déléguées. La Cour constitutionnelle de la République du Tatarstan, dans son arrêt, a noté que le caractère constitutionnel du décret sur la modification des limites territoriales des communes repose sur la discrétion proactive et l’accord mutuel des communes pour la mise en œuvre d’une telle modification, qui en elle-même présuppose l’observation de conditions raisonnables lors du transfert (acceptation) de biens municipaux appartenant à une autre commune, en vue de distinguer les communes.

 

Les rapporteurs concluent que la situation en Fédération de Russie est conforme à l’article 11. Les critiques mettant en cause l’indépendance et l’impartialité de la justice n’ont pas pu faire l’objet d’un examen plus approfondi, qui ne relève pas de la compétence du Congrès.


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30Disposition(s) ratifiée(s)
0Disposition(s) avec réserve(s)
0 Disposition(s) non ratifiée(s)
13Disposition(s) conforme(s)
4Articles partiellement conformes
7Disposition(s) non conforme(s)

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