Les collectivités locales ont droit, dans le cadre de la politique économique nationale, à des ressources propres suffisantes dont elles peuvent disposer librement dans l'exercice de leurs compétences.
Comme dans de nombreux autres pays d’Europe, les finances sont considérées par les responsables politiques locaux comme l’un des aspects les plus controversés de la situation actuelle. Il est à souligner que le système de finances locales est homogène à l’échelle du pays. Il n’y a donc pas de spécificités ni de différences entre les communes ordinaires et les « villes », ni entre les petites et grandes villes. Les principaux textes législatifs dans ce domaine sont la loi n° 564/2004 Coll. sur la détermination budgétaire du produit de l’impôt sur le revenu destiné à l’autonomie régionale, la loi n° 582/2004 sur les taxes et redevances locales, amendée à plusieurs reprises, et la loi n° 583/2004 sur les règles budgétaires de l’autonomie locale. La décentralisation financière a été étendue en 2005 et 2008. Les principales sources de recettes des collectivités locales sont les taxes locales exclusives et les taxes partagées, les recettes non fiscales et les transferts. Le système repose sur l’idée générale que les compétences originelles des communes doivent être financées par des « recettes propres » (fiscales et non fiscales), tandis que les tâches déléguées par l’Etat doivent être financées au moyen de transferts provenant du budget de l’Etat.
Dans le domaine fiscal, les collectivités locales bénéficient des taxes suivantes : a. l’impôt sur le revenu des personnes physiques : c’est la principale source de recettes des communes. D’après les données fournies par le ministère des Finances en 2014, cet impôt représente 72,3 % des recettes fiscales totales ; l’impôt foncier en représente 17,9 % et 9,8 % proviennent d’autres recettes fiscales propres. Cet impôt est réglementé et collecté au niveau de l’Etat, mais son produit national est principalement alloué aux collectivités locales et régionales. Aux termes de deux accords de coopération signés par le Gouvernement et les associations ZMOS et SK8, les collectivités locales et régionales reçoivent les pourcentages suivants sur la collecte de l’impôt sur le revenu : a. collectivités locales : 66-67 % en 2014 ; 68,5 % en 2015 et 70 % en 2016 ; b. régions : 21,9 % en 2014 et 30 % en 2015. Par conséquent, en 2016 l’intégralité de cet impôt collecté au niveau national sera allouée aux régions et aux collectivités locales. De plus, le système inclut une formule permettant un certain degré de péréquation : le montant réel perçu par chaque commune pour cette catégorie est défini d’après une formule complexe prenant en considération plusieurs variables et coefficients, tels que le nombre de mineurs de moins de quinze ans, le nombre d’habitants de la commune, le nombre de résidents âgés de plus de 65 ans, l’altitude de la commune, etc. b. la taxe foncière : les communes collectent aussi la taxe foncière, dont l’intégralité leur est allouée. Les taux sont approuvés par le conseil municipal sous la forme de réglementations générales contraignantes, dans le respect de la législation fiscale de l’Etat. c. les autres taxes locales sont la taxe sur les jeux de hasard, la taxe locale sur les chiens et la taxe sur les distributeurs automatiques. d. droits et redevances : les communes collectent un certain nombre de redevances, notamment sur la collecte municipale des déchets ou l’utilisation des biens communaux.
Les recettes non fiscales incluent : les bénéfices d’entreprises, les activités commerciales, les revenus des biens de la commune (vente de biens mobiliers ou immobiliers), les donations reçues, les intérêts sur les dépôts ou d’autres produits financiers, la collecte des amendes concernant la circulation routière et autres infractions administratives et les opérations financières. Les communes, comme les régions autonomes, peuvent contracter des prêts auprès du secteur privé et émettre des obligations. L’approbation préalable du ministère des Finances n’est pas nécessaire. Toutefois, les communes et les régions ne peuvent effectuer de telles opérations financières qu’en-dessous de certains plafonds (voir ci-dessous).
Les communes reçoivent des transferts pour l’exercice de tâches déléguées de l’administration de l’Etat. Ces transferts sont réservés et sont calculés par les organes de l’Etat de manière à couvrir, en théorie, le coût de l’exécution des tâches déléguées. Cependant, de nombreux interlocuteurs ont indiqué aux rapporteurs que les fonds transférés ne couvraient pas suffisamment l’offre des services en question, en particulier dans le domaine des écoles primaires.
Les communes peuvent aussi bénéficier de plusieurs fonds de l’UE créés dans le domaine de l’urbanisme, du développement rural et d’autres activités liées à la vie municipale. Toutefois, ces recettes ne sont ni stables ni périodiques et dépendent de nombreux facteurs sur lesquels les communes n’ont le plus souvent aucun contrôle.
Les interlocuteurs rencontrés par les rapporteurs ont posé des diagnostics contradictoires concernant la situation générale des finances locales. Pour les responsables locaux, cette situation est jugée globalement insatisfaisante du point de vue de la flexibilité et de l’adéquation des ressources financières. Ils affirment qu’une large part des fonds provient encore de l’Etat, que le système de fiscalité locale n’est pas satisfaisant, que le montant total des ressources disponibles est insuffisant et que la capacité de dépense des collectivités locales reste faible par rapport à celle de l’Etat. Les petites communes reçoivent une dotation minimale pour le fonctionnement de leurs structures administratives, mais Bratislava se plaint également de la situation. Cet aspect semble être un sujet de discussion permanent dans le paysage politique slovaque. Certains responsables locaux ne sont pas satisfaits de la manière dont les financements sont calculés, le système étant jugé inéquitable, et selon eux la péréquation est insuffisante. D’après l’UMS, la formule de la décentralisation financière devrait être modifiée, parce que trop désavantageuse pour les petites villes.
A ce sujet, il convient de mentionner une étude réalisée par la Chambre nationale des comptes en 2005. La CNC a effectué des audits dans cent communes choisies selon des critères de sélection statistique établis préalablement. Au terme de cette étude approfondie, la CNC a conclu que les communes de moins de 5 000 habitants ne pouvaient pas réellement exercer leurs compétences et leurs responsabilités légales.
Le gouvernement central est d’un autre avis. Les ministères concernés affirment que le dispositif actuel est équitable et adéquat pour le pays, qui est confronté à la crise économique. Le ministère des Finances considère que le niveau d’autonomie financière des collectivités locales est satisfaisant et que le principe de proportionnalité des finances locales (tel qu’énoncé par la Charte et par l’article 71 de la Constitution slovaque) est pleinement respecté. De plus, ce ministère soutient que le montant des transferts (destinés à financer les tâches déléguées) est suffisant depuis plusieurs années. À l’appui de cette affirmation, entre 2012 et 2014 les collectivités territoriales ont semble-t-il affiché un excédent budgétaire ou un budget en équilibre. La crise de 2008-2010 a entraîné une baisse des recettes provenant de l’impôt sur le revenu des personnes physique et, pour cette raison, le gouvernement a accordé aux communes un transfert supplémentaire de 100 millions € en 2009 et 72,5 millions € en 2010.
Pour ce qui concerne les chiffres, la structure des recettes des communes peut être répartie ainsi pour les années 2012, 2013 et 2014.
Indépendamment de la position officielle du gouvernement, le tableau ci-dessus montre clairement que les recettes propres des communes ont augmenté, tandis que les transferts de l’Etat ont diminué. Par ailleurs, la décentralisation financière s’est accentuée ces dernières années, ce dont on peut se féliciter : lors de la précédente visite de suivi du Congrès sur la démocratie locale, en 2001, la part des collectivités locales dans les dépenses publiques totales était de 7 %, tandis qu’actuellement les collectivités locales et les régions comptent pour 18 % des dépenses publiques totales. Toutefois, il est vrai que la création des régions a établi un certain plafonnement de l’augmentation potentielle de l’autonomie financière des collectivités locales. De plus, le chiffre de 18 % peut encore être jugé faible par rapport aux pratiques ordinaires en Europe.
Dans le domaine de la budgétisation, toutes les communes peuvent élaborer et approuver librement leur propre budget, mais elles doivent respecter la structure budgétaire prévue par la loi, qui définit un système unitaire et contraignant de classification budgétaire. Le conseil municipal est l’autorité compétente pour approuver le budget. Les collectivités locales décident librement de la manière dont elles dépensent leurs recettes propres, et ni le gouvernement central ni aucune autre autorité de l’Etat ne peut s’ingérer dans l’autonomie budgétaire des communes. Le ministère des Finances respecte l’autonomie des communes et n’adresse pas d’instructions contraignantes ni de directives aux communes ou aux régions autonomes en matière de budgétisation.
Cependant, la loi énonce certaines limites ou règles spécifiques concernant l’endettement public local, parmi lesquelles : a. les prêts ne peuvent être utilisés qu’à des fins d’investissement ; b. l’endettement total ne peut pas dépasser 60 % du budget de l’exercice précédent ; c. le service annuel de la dette ne peut pas dépasser 25 % du budget de l’exercice précédent. Suite à la crise économique, et afin de réduire la dette publique des collectivités locales et régionales, quelques mesures et contrôles extraordinaires ont été imposés aux organes locaux/régionaux : conformément à la loi constitutionnelle n° 493/2011 Coll. sur la responsabilité financière et à la loi du 1er mars 2013 sur la responsabilité budgétaire, depuis 2016 ces obligations ou limites ont été rendues plus strictes, la loi établissant maintenant une amende pour les communes et les régions autonomes en cas de dépassement de la dette autorisée (au 31 décembre 2015). Lors du processus de consultation, le ministère des Finances a informé la délégation que « le Gouvernement a conclu un accord (« Protocole d’accord ») avec les collectivités locales et régionales (ZMOS, SK8). Cet accord a pour objectif fondamental de « consolider les finances publiques afin de ramener la dette générale de l’Etat en-dessous de trois pour cent du PIB en 2013. Après le succès de cet accord, d’autres discussions ont eu lieu avec les collectivités territoriales. Elles ont négocié une augmentation de leur part sur le produit de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, comme on l’a vu au paragraphe 76 (a, b, c) ci-dessus.
Enfin pour ce qui concerne les biens municipaux, les communes slovaques disposent de leurs propres biens, marchandises et actifs. Le principal texte législatif en la matière est la loi n° 138/1991 sur les biens municipaux. De plus, le droit de posséder des biens fonciers et immobiliers est pleinement reconnu aux communes, qui peuvent gérer ces biens librement.
Au vu de ce qui précède, les normes de base énoncées à l’article 9 de la Charte sont respectées en République slovaque.