Les collectivités locales ont droit, dans le cadre de la politique économique nationale, à des ressources propres suffisantes dont elles peuvent disposer librement dans l'exercice de leurs compétences.
D’après la loi constitutionnelle sur les finances73 (section I – Péréquation financière), sauf disposition contraire, le gouvernement fédéral et les autres autorités régionales assument le financement des tâches qu’ils assurent. Les gouvernements des länder sont habilités à lever un impôt majoré auprès des communes ou, le cas échéant, de leurs associations. Le droit fédéral peut plafonner le montant de cette majoration. Aux termes de l’article 7.1 de la loi budgétaire fédérale74, les gouverneurs des länder sont à la tête des organes de gestion budgétaire dans la mesure où ceux-ci agissent en qualité d’entités fédérales.
Légalement, les impôts sont divisés en plusieurs catégories (article 6, loi constitutionnelle sur les finances) :
i. Les impôts exclusivement fédéraux, dont les recettes vont intégralement au gouvernement fédéral.
ii. Les impôts partagés entre le gouvernement fédéral et les länder (communes), dont les recettes proviennent du gouvernement fédéral et des länder (communes) ;
iii. Les impôts relevant exclusivement du land, dont les recettes vont intégralement aux länder ;
iv. Les impôts partagés entre les länder et les communes, dont les recettes proviennent des länder et des communes.
v. Les impôts relevant exclusivement des communes, dont les recettes vont intégralement aux communes.
D’après le centre de recherche KDZ75, le revenu total des communes en 2017 (Figure 1 - Page 32 du fichier PDF du rapport) était de 20 milliards d’euros.
D’après le centre KDZ (2019), « près d’un tiers de ce montant provient de recettes fiscales (part des communes au sein du montant total des impôts levés par le gouvernement fédéral, notamment l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les salaires, la taxe sur les ventes, l’impôt sur les sociétés) ».
De ce point de vue, il est à noter que le système de répartition des revenus entre les trois niveaux de gouvernance est défini par la loi sur les relations budgétaires interadministrations, négociée périodiquement entre le ministère fédéral des Finances, les représentants des länder et les collectivités locales.
D’après le KDZ, « seulement 10 % environ des recettes proviennent de transferts des länder ou, dans une faible mesure, des communes. Il s’agit par exemple d’aides à l’investissement ou de subventions permanentes pour le secteur de l’aide à l’enfance. Les recettes proviennent en majorité (près de 39 %) directement des citoyens et des entreprises. Les facteurs les plus importants de ce point de vue sont l’impôt local (municipal) (charges patronales sur les salaires), les charges (en particulier pour l’approvisionnement en eau, l’évacuation des eaux usées et les déchets) et les redevances pour les services (par exemple les frais de garderie ou les loyers). L’impôt foncier est comparativement peu important. D’après l’Association des communes d’Autriche, l’assiette fiscale est obsolète et ne correspond pas à la valeur des biens immobiliers. Environ 17 % des recettes proviennent d’autres sources, par exemple bancaires (prêts), de la mobilisation de réserves et de titres. Enfin, on peut inclure dans la catégorie « Divers » les désengagements d’entreprises externalisées, le produit des ventes ou les transferts provenant d’autorités non locales (par exemple des entreprises) ».
« Afin d’avoir une idée de l’évolution des revenus des communes ces dernières années, on s’intéressera ci-après exclusivement aux revenus du pouvoir fédéral, des länder, des communes et des citoyens, qui seront désignés ci-dessous « revenus courants et revenus des transferts de capitaux ». Il s’agit en majorité de revenus courants – et donc récurrents. Seuls les transferts de capitaux provenant des länder ou d’autres communes – par exemple pour des aides à l’investissement – ne sont pas récurrents. Si l’on regarde uniquement les revenus mentionnés ici, la dynamique des différentes catégories de revenus est très variable (Figure 2). Les revenus provenant de transferts courants sont ceux qui ont augmenté le plus, ce qui s’explique par les transferts additionnels provenant, en 2010 et 2011, des länder et visant à atténuer les effets de la crise économique et financière et, en 2017, des fonds additionnels provenant de la FAG 2017.6. Des tendances très stables ont pu être observées : une augmentation de 29 % depuis 2008 dans le domaine des taxes propres, de 28 % des charges et redevances et – depuis la crise financière – de 23 % de la part des revenus. Les revenus des transferts de capitaux ont connu des fluctuations, en fonction des investissements faits dans les communes ».
Figure 2 : Répartition et évolution des revenus courants et des revenus des transferts de capitaux par catégorie de revenu, 2008 à 201776 (Page 33 du fichier PDF du rapport)
Figure 3 : Revenu courant moyen et revenu moyen des transferts de capitaux par land en euros par habitant, 201777 (Page 33 du fichier PDF du rapport)
D’après le rapport explicatif de la Charte, ce paragraphe vise à garantir que les collectivités locales ne soient pas privées de leur liberté de fixer les priorités en matière de dépenses. Lors de la visite de suivi, en particulier les communes petites et moyennes ont déploré ne pas disposer de ressources suffisantes pour répondre aux besoins de leur population (par exemple pour lancer des travaux d’infrastructures, entretenir des forces de police importantes, etc.). De plus, les données ci-dessus montrent qu’un accès plus grand à des impôts locaux autonomes est encore souhaité, et ceci bien qu’une part significative des revenus locaux provienne de revenus partagés sur la base d’un accord politique entre tous les niveaux de gouvernance.
Les rapporteurs souhaitent rappeler aux autorités que le précédent rapport sur la démocratie locale et régionale en Autriche (2011) soulignait que les communes n’ont pratiquement aucune latitude en matière d’impôts locaux. Cette situation est inquiétante, car faute d’une viabilité financière adéquate la démocratie locale est menacée. Lors de la procédure de consultation, l’Association des communes d’Autriche a souligné qu’une réforme de la taxe foncière locale, attendue de longue date, permettrait de moderniser la méthode de calcul et de renforcer les recettes fiscales propres des communes.
Les rapporteurs notent qu’en dépit d’un système de répartition des revenus fondé sur le consensus, les autorités infranationales d’Autriche ne disposent pas de recettes fiscales propres. Ils concluent par conséquent que la situation en Autriche n’est qu’en partie conforme à cette disposition.
73 Publiée dans BGBI n° 45/1948, disponible en ligne à l’adresse :
https://www.ris.bka.gv.at/GeltendeFassung.wxe?Abfrage=Bundesnormen&Gesetzesnummer=10003819.
74 Document disponible en ligne à l’adresse : https://www.ris.bka.gv.at/Dokument.wxe?Abfrage=Erv&Dokumentnummer=ERV_2009_1_139
75 Source de cette figure et du paragraphe suivant : calculs réalisés en 2019 par le centre KDZ sur la base de Statistics Austria: municipal financial data 2017, p.12, in Biwald, Peter ; Mitterrer, Karoline; Seisenbacher, Marion, 2019, Österreichischer Gemeindefinanzen 2019 - Entwicklungen 2008 bis 2022, Österreichischer Städtebund/KDZ – Zentrum für Verwaltungsforschung, Wien, disponible en ligne à l’adresse : https://www.kdz.eu/de/gemeindefinanzen-2019
76 Source : idem, p.16.
77 Source : ibid.