Les ressources financières des collectivités locales doivent être proportionnées aux compétences prévues par la Constitution ou la loi.
Les pouvoirs infranationaux assurent un large éventail de services publics et de prestations dans des domaines clés, ce qui fait de la Suède l’un des pays unitaires les plus décentralisés de l’OCDE. Les dépenses des comtés/régions et des communes représentent une part importante des dépenses totales des administrations publiques dans les domaines de la santé (presque la totalité, 97 % en 2017), du logement et des équipements collectifs (91 % en 2017), de l’éducation (80 % en 2017), des loisirs, de la culture et de la religion (79 % en 2017) et de la protection de l’environnement (51 % en 2017).
Plus généralement, les collectivités infranationales représentent environ 50 % des dépenses publiques et 25 % du PIB (les moyennes de l’OCDE sont de 40,4 % des dépenses publiques et 16,2 % du PIB) : ces chiffres témoignent de l’importance financière de ces collectivités. Conformément à la tradition nordique d’un système de protection sociale fort, les dépenses sociales sont également supérieures à la moyenne des pays unitaires de l’OCDE. Étant donné que les communes sont responsables d’un plus grand éventail de tâches, elles gèrent environ deux fois le budget des comtés. En 2020, les dépenses totales des communes se sont élevées à 715 milliards de couronnes suédoises (69,65 milliards EUR) et celles des régions à 393 milliards de couronnes suédoises (38,28 milliards EUR).
La protection sociale et les soins de santé constituent les catégories de dépenses les plus importantes des collectivités infranationales. Ensemble, ces secteurs ont représenté près de 55 % des dépenses infranationales, suivis de l’éducation et des services publics généraux. Pour les régions, la principale catégorie de dépenses est celle des soins de santé (environ 90 %). Les principaux services assurés par les communes sont la protection sociale et l’éducation. Les communes sont responsables d’un éventail de services beaucoup plus large que celui des comtés. Par exemple, elles sont responsables du logement et des équipements collectifs, des loisirs et de la culture (qui ne sont pas des domaines obligatoires), ainsi que des affaires économiques et des transports (conjointement avec les entreprises de transport organisées par les comtés).
En 1993, le Parlement a adopté le « principe de financement » (finansieringsprincipen) en vertu duquel le gouvernement central a l’obligation, lorsqu’il attribue une nouvelle tâche au niveau local, de préciser également la manière dont elle doit être financée. Le rapport de suivi de 2005 soulignait le recours croissant à la « législation sur les droits » qui donne à des clients spécifiques le droit à des services particuliers. Cette tendance a commencé dans les années 1980, lorsque la loi sur les services sociaux et d’autres lois sur les personnes handicapées ont été introduites, accordant des droits inaliénables à certains services, indépendamment des ressources disponibles pour les collectivités locales. Tout en reconnaissant qu’il était important de garantir que les personnes en situation de vulnérabilité reçoivent les services auxquels elles ont droit, le rapport de 2005 estimait que ce type de législation pouvait limiter la portée de l’autonomie locale. D’après le rapport, un problème tenait au fait que le Parlement était l’arbitre final et que la collectivité locale n’avait aucun droit de regard sur l’interprétation du principe de financement. Le Congrès recommandait qu’il y ait un moyen institutionnalisé d’évaluer les coûts réels de la prestation de services fondés sur les droits, par exemple une commission d’audit indépendante.
SALAR a également souligné combien il était important que la base de calcul du gouvernement soit transparente pour les communes et les régions, ainsi que pour le Riksdag. En 2018, le Riksrevisionen (la Cour des comptes nationale) a publié le rapport Den kommunala finansieringsprincipen – tillämpas den ändamålsenligt ? (RIR 2018:8). L’objet du rapport était d’évaluer si l’application du principe de financement par le Gouvernement avait été suffisante pour aboutir à une réglementation financière adéquate, conformément à l’intention des règles financières. L’examen porte à la fois sur le travail préparatoire et sur le calcul des coûts et repose principalement sur trois exemples (la réforme de l’enseignement secondaire supérieur de 2011, l’allocation de garde d’enfants et l’enseignement préscolaire général pour les enfants de trois ans et l’augmentation du temps d’enseignement des mathématiques). Le Riksrevisionen a été critique et a considéré que le principe de financement n’était pas appliqué de la manière prévue. Plus précisément :
- Les travaux préparatoires des réformes proposées sont à bien des égards peu clairs et insuffisants. D’importants sous-objectifs n’ont pas été atteints (particulièrement en ce qui concerne les délibérations et les délais).
- Aucune analyse n’est faite concernant la manière dont les réformes affectent les différentes communes et un appui limité est apporté pour l’évaluation de l’impact financier sur les communes.
- Les coûts des réformes sont rarement constants dans le temps et ne font pas l’objet d’un suivi.
Lors de la procédure de consultation, le gouvernement a souligné qu’il souscrivait partiellement (skr. 2017/18:300) aux conclusions du rapport et il a déclaré qu’il était important de veiller à ce que les calculs reposent sur une base solide et que les processus de préparation fonctionnent convenablement. En conséquence, des évaluations de l’impact sont en cours d’élaboration au sein des services du gouvernement.
Le Riksrevisionen a recommandé de préparer les réformes financières municipales de manière transparente et argumentée, y compris en accordant aux comités un soutien suffisant pour effectuer la plupart des calculs conformément aux lignes directrices ; en outre, d’inviter les représentants des communes et des régions à participer, dans des délais appropriés, aux travaux préparatoires des réformes économiques municipales. En outre, l’examen et l’évaluation des conséquences économiques des réformes municipales devraient inclure une analyse de la manière dont les conséquences diffèrent entre les communes. Il serait particulièrement important d’effectuer un suivi afin d’évaluer les répercussions sur les coûts au fil du temps. Le gouvernement n’a pas souscrit à cette recommandation (skr. 2017/18:300) mais déclaré qu’il ne serait pas nécessaire d’introduire un suivi général des coûts afin d’amender les réformes ultérieurement. Cela entraînerait un surcroît de coûts administratifs et le gouvernement assurerait déjà un suivi et une analyse des besoins de ressources additionnelles des communes, ainsi que de la manière dont le système de péréquation des coûts des communes reflète les différences structurelles entre les communes et entre les régions.
De son côté, SALAR a largement approuvé les recommandations du Riksrevisionen, mais contrairement à celui-ci SALAR estime que le montant du versement devrait toujours être établi en couronnes par habitant. Une solution possible dans les cas où une nouvelle activité, entraînant des différences significatives en termes de coût entre les communes, est créée consiste à ajuster le montant du versement. Les nouvelles réglementations et réformes affecteront inévitablement les communes et les régions de manière différente. Cependant, au fil du temps et avec de nouvelles réglementations dans de nombreux domaines, il est probable que les différences disparaîtront. SALAR estime en outre que les ajustements effectués en cas d’absence de documents devraient faire l’objet d’un suivi unique quelques années après leur entrée en vigueur, et non de plusieurs exercices de suivi. Cela permet d’ajuster une réglementation incorrecte. Par la suite, ces réglementations devraient également être incluses dans les subventions de l’État et l’évaluation du Riksdag du montant des subventions de l’État, c’est-à-dire ne pas faire l’objet d’un suivi spécifique au cours des années suivantes.
Un autre point, d’après SALAR, concerne le moment où les autorités prennent des décisions contraignantes modifiant les règles applicables aux activités menées dans les communes ou les régions. Le principe de financement s’applique également dans ces cas. Cependant, lorsqu’une autorité n’a pas de ressources pour les coûts correspondants, l’activité doit être prise en charge dans le processus budgétaire de l’État, ce qui rend difficile l’adoption de règlements et donc la volonté de respecter le principe de financement. Les autorités devraient donc avoir l’obligation de toujours contacter le ministère responsable en cas de problèmes de financement.
Selon SALAR, rien n’a été fait concernant les recommandations du Riksrevisionen susmentionnées. Par ailleurs, l’application du principe de financement s’est globalement détériorée au fil du temps, alors qu’elle doit être appliquée de manière plus cohérente. Les négociations sur le principe de financement entre les ministères et SALAR ont pratiquement cessé. L’une des causes serait la pandémie, qui a fait l’objet de beaucoup d’attention et a également mobilisé une grande part des ressources de l’État. Par ailleurs, dans la situation parlementaire actuelle, le gouvernement doit négocier avec les partis qui l’appuient, ce qui aurait rendu plus compliquée la prise en compte du principe de financement.
Pour sa part, le ministère des Finances a souligné que le principe de financement était appliqué lorsque de nouvelles responsabilités sont confiées aux communes et aux régions ou lorsque les responsabilités existantes sont modifiées. Si les compétences concernent des activités assurées par les communes et les régions de leur propre initiative, l’État n’est pas tenu de fournir un financement. Dans certains cas il est néanmoins possible de demander des subventions réservées.
Eu égard aux préoccupations exprimées ci-dessus, les rapporteurs considèrent que la situation en Suède est partiellement conforme au principe de proportionnalité.